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ils eurent ôté leurs habits de voyage et mis leurs manteaux, Högni fit apporter des coupes et de la bière. Hildirid, la fille du propriétaire, versa à boire aux hôtes. Björgolf appela à lui le « bondi[1] » Högni et lui dit : « Voici l’affaire qui m’amène ici : je désire que ta fille vienne avec moi dans mon domaine ; je vais sans tarder contracter mariage avec elle[2]. » Högni ne voyait pas d’autre solution que de laisser toutes choses s’accomplir comme le voulait Björgolf. Celui-ci donna en échange une once d’or[3] et les deux fiancés gagnèrent le lit nuptial[4]. Hildirid s’en alla avec Björgolf à Torgar. Mais Brynjolf fut mécontent de cet arrangement. Björgolf et Hildirid eurent deux fils ; l’un s’appelait Harek, l’autre Hrörek. Peu de temps après Björgolf mourut. Il ne fut pas plutôt enterré que Brynjolf fit éloigner Hildirid avec ses fils. Elle retourna à Leka chez son père : c’est là que les enfants de Hildirid furent élevés. C’étaient des jeunes gens de belle prestance, de taille plutôt modeste, mais doués d’intelligence ; ils ressemblaient aux parents de leur mère. On les appelait « fils de Hildirid[5] ». Brynjolf les aimait

    que se trouvait le foyer. Des deux côtés étaient rangés les bancs et au milieu se dressaient les sièges d’honneur réservés, l’un au maître du logis, l’autre à son principal invité.

  1. Le bóndi est un propriétaire libre qui gère ses biens en toute indépendance, sans être astreint au paiement d’une redevance. Les böndr occupent un rang social nettement opposé, d’un côté, aux serviteurs non libres et, de l’autre, aux personnes revêtues d’une dignité supérieure, comme le hersir ou le jarl. Ils forment le vrai noyau du peuple, prennent part aux délibérations officielles et portent les armes pour la défense du pays. Cf. les yeomen anglais.
  2. Il s’agit, en l’occurrence, d’une sorte de noce ou mariage libre, contracté en dehors des formalités usuelles. Le mariage, pour être complet, devait être précédé des fiançailles célébrées en présence d’au moins six témoins, et où l’on fixait la somme à payer par le fiancé, ainsi que la dot de la fiancée.
  3. Une once valait le ⅛ de la mörk. Le rapport de l’argent et de l’or étant alors de 1 : 8, Björgolf ne payait donc qu’un marc, le minimum exigé par la loi. Högni, qui était riche, n’aspirait à aucun dédommagement. Cette somme, que le fiancé était tenu de verser au père ou au tuteur, symbolisait l’affranchissement de la jeune fille de la tutelle paternelle.
  4. Ce qui devait se faire pendant la journée et en présence de témoins.
  5. Il arrivait fréquemment, surtout en cas de mort prématurée du