Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 10 —

d’être comblé d’honneurs par lui ; le roi éprouve vivement le désir d’avoir à ses côtés des gens dont on lui parle comme étant des personnages remarquables sous le rapport de la force et de la bravoure. » Kveldulf répondit qu’il était vieux et nullement en état d’entreprendre des expéditions guerrières : « Je resterai à la maison et renoncerai à servir les rois. » L’envoyé reprit : « Laisse alors ton fils venir auprès du roi ; il est grand et a l’air d’être brave. Le roi fera de lui son vassal, s’il consent à le servir. » « Je ne veux point », dit Grim, « devenir vassal, aussi longtemps que mon père vivra, pour la raison qu’il doit être mon seigneur toute sa vie. »

Les messagers repartirent et, à leur arrivée chez le roi, lui rapportèrent intégralement le langage que Kveldulf leur avait tenu. Le roi en fut vexé, proféra quelques paroles à ce sujet, disant que ce devaient être des personnages hautains et se demandant quelles pouvaient être leurs intentions. Ölvir Hnufa, qui était présent, pria le roi de ne pas se mettre en colère. « J’irai trouver Kveldulf et il consentira sans doute à vous rejoindre, dès qu’il saura que vous y attachez beaucoup d’importance. »

Là-dessus Ölvir alla trouver Kveldulf et lui dit que le roi était irrité et que cela tournerait mal, à moins que l’un d’eux, le père ou le fils, ne se joignît à lui. Il ajouta que de grands honneurs leur étaient réservés à la cour, s’ils voulaient accepter ses offres d’amitié. Il insista en déclarant — ce qui était vrai — que le roi était généreux à l’égard de ses hommes, en fait de richesses et d’honneurs. Kveldulf exprima ses appréhensions en disant : « Ni mon fils ni moi ne trouvons le bonheur dans l’intimité du roi, et je n’irai pas le voir ; mais si Thorolf rentre au pays l’été prochain, il se laissera bien décider à faire ce voyage et à devenir ainsi l’homme du roi. Dites à celui-ci que je veux bien être son ami et que tous ceux qui agiront selon mes ordres ne failliront pas aux devoirs d’amitié à son égard. Je conserverai, en son nom, et le gouvernement et l’administration, comme je les ai eus sous le roi précédent, s’il consent à ce qu’il en soit ainsi. D’ailleurs, l’avenir décidera du caractère de nos rapports avec lui. »

Ölvir retourna auprès du roi et lui fit savoir que Kveldulf se proposait de lui envoyer son fils, ajoutant que celui-ci s’y