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l’automne, à Thrandheim. Il se concilia à un haut degré les bonnes grâces du roi, resta longtemps auprès de lui et devint son scalde[1].

Cet hiver-là le jarl Rögnvald se transporta vers le sud du côté des Firdir, en suivant la route de terre par Eid. Il faisait épier le voyage de Vemund et arriva à la nuit tombante à un endroit appelé Naustdal. Vemund s’y trouvait à un festin. Rögnvald le surprit dans sa maison et l’y brûla avec dix-neuf de ses compagnons. Bientôt après Berdlu-Kari rejoignit le jarl Rögnvald avec un long bateau complètement équipé, et tous deux s’avancèrent vers le nord, sur Möri. Rögnvald saisit tous les vaisseaux qui avaient appartenu au roi Vemund et tous les biens mobiliers dont il pouvait s’emparer. Berdlu-Kari fit route vers Thrandheim, alla trouver le roi et se mit à son service.

Au printemps suivant, le roi Harald embarqua une armée et s’en alla vers le sud le long de la côte. Il s’empara des Firdir et des Fjalir et distribua des terres à ses hommes. Il nomma Hroald jarl dans le Firdafylki. Il surveilla de près les régions qu’il avait conquises et qui venaient d’être placées sous son autorité, ainsi que les vassaux et les grands propriétaires et tous ceux qu’il soupçonnait d’avoir quelque velléité de recouvrer le pouvoir. Il ne leur laissa d’autre alternative que de devenir ses sujets ou de quitter le pays. En dehors de ces deux conditions, ils avaient le choix entre un traitement impitoyable ou la mort. Quelques-uns eurent les mains et les pieds coupés. Dans chaque région le roi s’appropria tous les alleux, toutes les terres, qu’elles fussent exploitées ou non, et même les mers et les lacs. Tous les propriétaires durent se faire ses vassaux ; de même les exploiteurs de forêts, les sauniers, les pêcheurs et les chasseurs, tous furent assujettis à son autorité[2]. Cependant, à la suite de

  1. À partir de Harald aux Beaux Cheveux, les scaldes, ces bardes du Nord, étaient comblés d’honneurs à la cour des princes. Attachés à la suite du roi ou pérégrinant de pays en pays, on les retrouve en grand nombre, du IXe au XIe siècle, dans toute la Scandinavie, chantant en des strophes dithyrambiques et en un langage imagé les exploits des guerriers et les vertus des grands seigneurs.
  2. En confisquant les propriétés allodiales pour les administrer à sa