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Terres ». De là il se dirigea vers le Nord, sur Thrandheim où il eut à livrer de nombreux combats avant d’imposer sa domination à tout le pays des Thröndir[1]. Puis il résolut de porter la guerre au Naumudal, dans le Nord, pour s’en prendre aux frères Herlaug et Hrollaug, à cette époque rois de ce pays. Dès que les frères apprirent son arrivée, Herlaug se réfugia avec onze de ses hommes dans le tertre funéraire[2] qu’il avait édifié trois hivers auparavant[3]. Ce tertre fut ensuite refermé. Hrollaug, de son côté, abdiqua la dignité royale, accepta la condition de jarl et se soumit à l’autorité du roi Harald auquel il abandonna son royaume. C’est ainsi que Harald conquit le district du Naumudal et le Halogaland ; il établit des gouverneurs dans ses possessions. À Thrandheim, Harald équipa une expédition maritime et se dirigea sur Möri, dans le Sud. Là il livra bataille au roi Hunthjof et fut vainqueur. Hunthjof y laissa la vie, et le roi Harald s’empara de Nordmöri et du Raumsdal. Cependant Sölvi Klofi, fils de Hunthjof, avait échappé ; il alla à Sundmöri trouver le roi Arnvid auquel il demanda aide et protection en disant : « Maintenant que ce malheur nous a frappés, il ne se passera guère de temps avant que pareille calamité vous atteigne. Je crois, en effet, que Harald ne tardera pas à venir, puisqu’il vient de réduire en esclavage et d’asservir, suivant son bon vouloir, tous les gens de Nordmöri et du Raumsdal. Vous pouvez vous attendre à subir le même sort que nous ; vous aurez à défendre votre bien et votre liberté et à compter sur tous les hommes dont vous pouvez espérer du secours. Je me tiens prêt à lutter, avec mes troupes, contre tant d’arrogance et d’injustice. Dans le cas contraire, vous agirez comme l’ont fait les habitants du Naumudal : vous vous laisserez assujettir volontairement et deviendrez esclaves de

  1. Les Thröndir sont les habitants du pays de Thrandheim qui s’étendait sur tout le pourtour du fjord de Thrandheim (auj. Throndhjem).
  2. Une loi d’Odin enjoignait aux rois et aux jarls de « voûter des tertres », c’est-à-dire de faire construire sous terre ou à fleur de terre de véritables chambres surmontées d’une butte et destinées à leur servir de tombeaux.
  3. Les Scandinaves, comme tous les anciens Germains, comptaient par hivers et par nuits. Cf. Tac., Germ. VI ; Caes., Bell. Gall. VI, 18.