Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 256 —

Quand Egil fut prêt, il sortit, emportant avec lui ses coffres d’argent, et monta à cheval. Il descendit vers la clôture et on le vit disparaître derrière une proéminence qui s’élève en cet endroit. Au matin, quand les gens se levèrent, ils virent Egil vaciller dans le bois, à l’est de la métairie, traînant le cheval à sa suite. On alla le chercher et on le ramena à la maison. On ne vit réapparaître ni les domestqiues ni les coffres, et diverses suppositions circulent quant à l’endroit où Egil aurait caché son argent. À l’est de la propriété de Mosfell, une gorge profonde descend de la montagne. Or, un fait est venu confirmer une de ces suppositions. À l’époque du dégel subit, une grande masse d’eau se précipite par la crevasse, et, plus d’une fois, après que les eaux se furent retirées, on trouva au fond du creux des pennings anglais. Voilà pourquoi certaines gens supposent qu’Egil avait caché là son argent. Au-dessous de la clôture, près de Mosfell, il y a des fondrières vastes et excessivement profondes. De nombreuses personnes prétendent qu’Egil a jeté son argent là-dedans. Sur les bords méridionaux de la rivière, il y a des bains et, non loin de là, de grandes cavités souterraines. Or, il est des gens qui pensent qu’Egil a caché son argent en cet endroit, parce que, fréquemment, on observe dans cette direction un feu sur un tertre[1]. Egil déclara qu’il avait tué les domestiques de Grim et qu’il avait fait disparaître son trésor ; mais il ne révéla à personne l’endroit où il l’avait caché.

L’automne suivant, Egil fut pris d’une maladie dont il mourut[2]. Quand il fut mort, Grim le fit habiller de bons vêtements et ordonna son transfert à Tjaldanes. Il y fit construire une tombe dans laquelle on déposa Egil avec ses armes et ses vêtements.

    bassins aménagés à proximité de sources d’eau chaude et où l’on va prendre des bains.

  1. D’après une vieille croyance païenne, qui a survécu en Islande jusqu’à nos jours, des feux apparaissent parfois sur les tertres funéraires renfermant des objets en or ou en argent.
  2. Vers 982.