Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 242 —

Odd[1], à qui il demanda du secours en lui offrant de l’argent. Odd accepta l’argent et promit son intervention pour aider Steinar à poursuivre Thorstein en justice. Steinar, là-dessus, retourna chez lui.

Le printemps venu, Odd et Einar, suivis d’une foule nombreuse, se mirent en route avec Steinar pour faire les invitations. Steinar fit comparaître Thorstein pour avoir tué ses domestiques et requit pour chaque meurtre un bannissement de trois ans. C’est ainsi, en effet, que le voulait la loi, lorsque les domestiques de quelqu’un étaient tués, à moins qu’une compensation ne fût payée avant le troisième lever du soleil. Mais deux bannissements temporaires équivalaient à un exil pour la vie. Thorstein n’éleva aucune protestation. Peu de temps après, il envoya des hommes dans le sud, à Nes. Ceux-ci arrivèrent à Mosfell, chez Grim, et lui racontèrent ce qui venait de se passer. Egil n’exprima pas formellement son opinion à ce sujet, mais il s’informa en silence et minutieusement des rapports qui existaient entre Thorstein et Steinar, comme aussi des personnes qui avaient soutenu Steinar en ces circonstances. Ensuite les envoyés retournèrent chez eux et Thorstein se montra satisfait du résultat de leur voyage.

Thorstein, fils d’Egil, se rendit au thing du printemps[2] avec une escorte très nombreuse et y arriva une nuit avant les autres. Tout comme les autres personnes qui campaient là, ils dressèrent leurs tentes. Quand ils eurent fini, Thorstein ordonna aux gens qui l’avaient accompagné au thing de se mettre à l’ouvrage et d’édifier une grande paroi destinée à soutenir une tente beaucoup plus vaste que celles qui s’y trouvaient déjà.

  1. Un des personnages les plus influents de l’Islande méridionale, vers le milieu du xe siècle.
  2. Outre l’Althing (établi en 930), assemblée générale annuelle des notables de toutes les parties de l’île, qui se réunissait dans une plaine appelée Thingvellir, au nord-est de Reykjavík, il existait en Islande des assemblées régionales, « things de printemps » et « things d’automne ». Le thing du printemps se tenait entre le 7 et le 27 mai dans chacun des treize districts du pays. Il durait ordinairement quatre jours et jugeait les contestations qui surgissaient entre les habitants du district. Le nombre des juges était de trente-six.