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Dans la suite, Egil composa une drápa dont voici le commencement :

Le moment est venu de célébrer
Le bouclier que j’ai reçu.
Le message du généreux donateur
A été apporté dans ma demeure.
Je ferai retentir habilement
Les accents de la poésie.
Écoutez les paroles
Que je vais vous dire.

Egil et Einar restèrent fidèles à leur amitié aussi longtemps qu’ils vécurent l’un et l’autre. Au sujet des destinées ultérieures du bouclier, on rapporte qu’Egil le prit avec lui en se rendant à une noce, dans le nord, à Vidimyri, en compagnie de Thorkel Gunnvaldsson et des fils de Raudibjörn, Trefil et Helgi. Là, le bouclier tomba dans du lait aigre et fut abîmé. Plus tard, Egil en fit enlever les garnitures, et il y avait douze onces de métal précieux dans les boucles d’or.

79.

Rapports d’Egil avec son fils Thorstein. Egil à Mosfell. La « Berudrápa ». Les enfants de Thorstein.

Thorstein, fils d’Egil, en grandissant, fut de tous les hommes le plus beau de figure. Il avait les cheveux clairs et le teint brillant ; il était grand et fort, sans toutefois égaler son père sous ce rapport. Thorstein était un homme intelligent, d’humeur douce, de relations agréables ; il se distinguait par son calme. Egil ne l’aimait guère. Thorstein, de son côté, n’éprouvait pas de sympathie pour son père ; mais Asgerd et Thorstein avaient beaucoup d’affection l’un pour l’autre. À cette époque, Egil se faisait vieux. Or, un jour d’été, Thorstein se rendit à l’Althing, pendant qu’Egil restait à la maison. Mais, avant que Thorstein quittât la ferme, Asgerd et lui saisirent une occasion propice pour enlever du coffre d’Egil le manteau de soie, cadeau d’Arinbjörn, et Thorstein l’emporta en allant au thing. Or, lorsqu’à l’assemblée il