eurent deux fils, Hall et Viga-Bardi. Özur, fils d’Eyvind et frère de Thorodd d’Ölfus, épousa Bera, autre fille d’Egil. Bödvar, fils d’Egil, était alors dans toute la force de la jeunesse. C’était un jeune homme plein d’espérances, beau de figure, grand et fort, comme l’avaient été Egil et Thorolf à son âge. Egil l’aimait beaucoup ; et Bödvar aussi affectionnait son père.
Un jour d’été, un bateau mouillait dans la Hvita. Il y avait là un important marché. Egil y avait acheté une grande quantité de bois qu’il fit amener chez lui par bateau. C’était une embarcation à huit sièges de rameurs ; elle appartenait à Egil et était pilotée par des gens de sa maison. Un beau jour, Bödvar demanda l’autorisation de les accompagner, et l’on déféra à son désir. Il s’en alla donc avec eux par la plaine de la Hvita. Ils étaient, en tout, six sur un bateau à huit rames. Le jour où ils allaient s’embarquer, la marée ne montait qu’avec lenteur ; et comme ils devaient l’attendre, ils ne partirent que tard dans la soirée. En ce moment s’éleva un violent vent du sud-ouest, qui luttait contre le courant de la marée descendante. Les eaux du fjord devinrent houleuses, comme il arrive souvent en ces parages. La conséquence fut que le bateau sombra et que tout l’équipage se noya. Le lendemain, les cadavres furent rejetés sur le rivage. Le corps de Bödvar flotta jusqu’à Einarsnes ; d’autres furent poussés sur les bords méridionaux du fjord. Le bateau, entraîné du même côté, fut retrouvé devant Reykjarham. Ce même jour, Egil apprit la catastrophe et se mit aussitôt en route pour rechercher le corps de son fils. Il le trouva, rejeté par les flots, le releva, le plaça sur ses genoux et le transporta à cheval à Digranes, sur le tertre funéraire de Skallagrim, Il fit ouvrir la tombe et y déposa Bödvar à côté de Skallagrim. La tombe fut ensuite refermée, ce qui ne se fit toutefois pas avant la tombée de la nuit. Là-dessus, Egil retourna chez lui à Borg. Aussitôt revenu, il entra dans la chambre à coucher commune, où il avait l’habitude de dormir, se coucha et verrouilla la porte. Personne n’osait lui adresser la parole. Voici — d’après ce que l’on raconte — comment était habillé Egil, lorsqu’on ensevelit Bödvar : il portait de longs bas étroitement fixés aux jambes, un vêtement de coton rouge qui enserrait la taille et se fermait sur le côté. Mais, à en croire ce qui se dit, Egil enfla au point que le vêtement, de