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se passer. Ceux-ci alors se portèrent en avant par le chemin d’en bas, dans l’intention d’intercepter la marche d’Egil.

Alors Ulf dit à ses camarades : « Maintenant, nous allons recourir à la ruse et avancer en silence pour empêcher qu’ils n’échappent. « Le chemin que nous allons suivre, dit-il, côtoie la colline ; le marécage se prolonge vers la hauteur ; il est dominé par une roche escarpée et, à travers la rocaille, pénètre un passage qui n’est pas plus large qu’un chemin. Quelques-uns se porteront sur les hauteurs rocheuses et les assailliront, s’ils font mine d’avancer ; les autres se cacheront ici dans la forêt et leur tomberont dans le dos, dès qu’ils apparaîtront. Prenons nos mesures pour que pas un seul n’échappe. »

Ils agirent selon les ordres d’Ulf. Ulf gagna les hauteurs, accompagné de dix hommes. Egil et les siens poursuivirent leur marche sans rien soupçonner de ces combinaisons avant leur arrivée dans le défilé. Là, les ennemis leur tombèrent dans le dos et les attaquèrent, les armes à la main. Egil et ses amis firent volte-face et se mirent en garde. En ce moment, ils furent surpris, d’autre part, par ceux qui avaient pris possession devant l’escarpement. À cette vue, Egil se tourna contre eux et, avant que l’on eût échangé des coups nombreux, il en abattit quelques-uns sur le bord du chemin, tandis que les autres se retiraient vers un endroit où le terrain était plus uni. Egil se mit à leur poursuite. Là, Ulf tomba, et, en fin de compte, Egil tua onze ennemis à lui seul. Là-dessus, il se reporta vers un endroit où ses compagnons barraient le passage à huit hommes. De part et d’autre, il y eut des blessés. Mais, à l’arrivée d’Egil, les derniers Vermalandois s’empressèrent de fuir. Non loin de là, c’était la forêt. Cinq s’y réfugièrent, tous grièvement blessés ; trois périrent sur les lieux. Egil portait des blessures nombreuses, mais peu graves. On se remit alors en route. Egil pansa les blessures de ses compagnons ; aucune n’était mortelle. Ils prirent place sur les traîneaux et voyagèrent jusqu’au déclin du jour. Les rares hommes du Vermaland qui eurent la vie sauve, prirent leurs chevaux et se traînèrent hors de la forêt, dans la direction de l’est, vers la région habitée. Là, on pansa leurs blessures. Ils s’adjoignirent des compagnons de route jusqu’à leur arrivée à la résidence du jarl, à qui ils racontèrent les déboires de leur