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de Thorfinn, qui habitait près de la forêt de Eid. Ils demandèrent de la nourriture pour eux et pour leurs chevaux. Le bondi Thorfinn obtempéra à leurs désirs, et Egil entra avec les siens dans l’appartement.

Egil demanda à Thorfinn s’il avait aperçu ses compagnons de route. « Nous étions convenus de nous retrouver ici. »

Thorfinn répondit : « Six hommes sont passés ensemble ici, un peu avant le jour ; ils étaient bien armés. »

Alors une des personnes de la maison de Thorfinn déclara : « Dans la nuit, je suis parti pour recueillir du bois et, longtemps avant l’aube, j’ai rencontré six individus sur mon chemin ; c’étaient des gens d’Armod. Mais je ne puis dire si tous ceux-là étaient les mêmes que les six dont vous parlez. »

Thorfinn fit observer que ceux qu’il avait remarqués étaient passés plus tard, alors que le domestique était rentré avec sa charge de bois.

Au moment où l’on s’assit pour prendre le repas, Egil remarqua une jeune femme malade couchée sur le banc transversal et il demanda à Thorfinn qui était cette femme qui se trouvait là si souffrante.

Il répondit qu’elle s’appelait Helga et que c’était sa fille. « Depuis longtemps elle est atteinte de faiblesse ». Une grave maladie la consumait ; jamais elle ne sut dormir la nuit et elle était comme folle.

« A-t-on essayé quelque remède pour la guérir ? » demanda Egil.

Thorfinn répondit : « On a taillé des runes ; c’est le fils d’un propriétaire, qui n’habite pas loin d’ici, qui s’en est occupé ; depuis, c’est bien pis qu’auparavant. Connais-tu peut-être, Egil, un remède contre pareille affection ? »

« Il se peut, » reprit Egil, « que rien ne se gâte si j’en prends soin. »

Après avoir mangé, il s’approcha de la couche de la jeune fille et causa avec elle. Ensuite, il ordonna de la soulever et d’étendre sous elle des draps propres. C’est ce que l’on fit aussitôt. Il fouilla alors la place où elle avait reposé et y trouva un os de poisson sur lequel des runes étaient gravées. Egil les lut. Puis il gratta les runes et jeta les raclures au feu. Il brûla l’os de pois-