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69.

Expédition d’Egil et d’Arinbjörn en Frise.
Arinbjörn chez le roi Harald Grafeld.

Arinbjörn passa cet hiver chez lui, dans son domaine. Mais au printemps suivant, il manifesta le désir de partir pour de lointaines expéditions. Il possédait un beau choix de vaisseaux. Au printemps, il apprêta trois « longs bateaux » de vastes dimensions. Il disposait de trois cents hommes. Dans son embarcation, qui était parfaitement équipée, il plaça des gens de sa maison. De nombreux fils de propriétaires se joignirent à lui. Egil résolut de prendre part au voyage ; il dirigeait un des bateaux, et avec lui partaient un grand nombre des compagnons qu’il avait ramenés d’Islande. Quant au bateau de commerce sur lequel il était revenu d’Islande, il le fit diriger sur Vik, dans l’est, après y avoir placé des hommes pour veiller au transport de ses marchandises.

Arinbjörn et Egil, avec leurs longs vaisseaux, suivirent les côtes méridionales. Ensuite ils dirigèrent leurs troupes vers le sud, du côté de la Saxe, où ils pillèrent durant l’été et firent du butin. À l’approche de l’automne, ils revinrent vers le nord et envahirent la Frise. Une nuit, par un temps calme, ils remontèrent l’embouchure d’une rivière où les places de débarquement étaient en mauvais état. Au loin s’étendait un rivage plat. La côte était bordée de larges plaines et non loin de là s’étendaient des forêts. Le terrain, par suite d’une pluie abondante, était détrempé. C’est là qu’ils résolurent de débarquer. Laissant derrière eux le tiers de l’équipage à la garde des bateaux, ils remontèrent la plaine entre le cours d’eau et la forêt. Bientôt apparut à leurs regards un village habité par de nombreux propriétaires. Ceux-ci n’eurent pas plus tôt remarqué la présence de l’ennemi, qu’ils quittèrent le village avec toute la précipitation possible, pour se réfugier dans l’intérieur des terres, où les vikings les poursuivirent. On trouva ensuite un deuxième village, puis un troisième, et toute la population, à leur vue, prit la fuite. Il y avait là des terrains unis et de vastes plaines que des canaux remplis d’eau sillonnaient dans tous les sens. Les habitants avaient, de cette manière, clôturé leurs champs et leurs prairies.