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brekka[1], le commandait. Önund était grand et le plus fort de tous les hommes de l’équipage. C’était un fait généralement reconnu qu’il n’avait pas la faculté de se métamorphoser. Il avait souvent parcouru les pays étrangers. Il était un peu plus âgé qu’Egil, et entre eux existait, depuis longtemps, une grande amitié. Quand Egil fut prêt, il prit la mer et, après une traversée heureuse, aborda dans la Norvège centrale. Arrivés en vue des terres, les navigateurs pénétrèrent dans les Firdir. Les nouvelles qu’ils reçurent du pays leur apprirent qu’Arinbjörn était chez lui, dans sa ferme. Egil dirigea son esquif vers la place de débarquement la plus proche de la propriété d’Arinbjörn. Ensuite, il alla lui rendre visite. Ils furent très heureux de se revoir. Arinbjörn offrit l’hospitalité à Egil et à tous ceux de ses compagnons qu’il voudrait amener avec lui. Egil accepta, fit tirer son bateau à terre et le plaça sur des rouleaux. Les matelots se procurèrent un abri. Egil se présenta chez Arinbjörn avec onze de ses amis. Il s’était fait construire un long bateau à voiles, superbement aménagé, et il remit ce voilier à Arinbjörn, en même temps que d’autres cadeaux de valeur. Egil y goûta, durant l’hiver, une généreuse hospitalité. Après l’hiver, il partit pour le Sogn, afin d’y toucher le revenu de ses terres, et y séjourna très longtemps. Ensuite, il se porta sur les Firdir, dans le nord.

À Noël, Arinbjörn organisa un grand festin auquel il invita ses amis et les propriétaires du district. Il y eut grande affluence de monde et le banquet fut splendide. Comme cadeau de Noël, il donna à Egil un vêtement à traîne, tissé de soie, garni d’une riche bordure d’or et, sur le devant et jusqu’en bas, orné de boutons d’or[2]. Arinbjörn avait fait faire ce vêtement à la taille d’Egil. À la même occasion, il lui remit un habillement complet, nouvellement confectionné, en étoffe anglaise de nuances variées. Aux autres personnes qu’il avait invitées chez lui, il offrit, en souvenir de Noël, des présents d’amitié de diffé-

  1. Ani avait abordé en Islande avec Skallagrim, qui lui avait donné des terres. (Cf. ch. 28.)
  2. La soie était très peu répandue en Scandinavie. Aussi, les manteaux de ce genre constituaient-ils des objets de grande valeur que les rois offraient à ceux qu’ils voulaient honorer d’une faveur spéciale.