et s’étaient établis dans les régions côtières de l’Amérique du Nord.
Sans parler des œuvres essentiellement scientifiques, dont quelques-unes constituent de vrais monuments d’érudition, les sagas nous révèlent le véritable caractère de cette race, comme, d’autre part, elles nous permettent d’apprécier à une plus juste valeur cette activité littéraire intense et originale qui s’est manifestée pendant plusieurs siècles dans les pays du Nord.
La saga d’Egil est une œuvre poétique édifiée sur des bases historiques par un écrivain de haute culture intellectuelle, à la fois poète et historien. Les événements qui lui servent de cadre embrassent une période qui s’étend du milieu du IXe siècle à la fin du xe. Elle s’ouvre par le coup d’État qui soumit à l’autorité du roi Harald aux Beaux Cheveux les nombreux gouvernements régionaux de Norvège, jusque-là plus ou moins indépendants, pour aboutir à la reconnaissance officielle de la religion chrétienne en Islande, à l’Althing de l’an 1000. Vouloir assigner une date précise à tous les faits qui s’y trouvent racontés ou mentionnés, ce serait assumer une tâche ingrate, et, eu égard aux résultats positifs qu’elle peut donner, ce serait s’exposer à de graves mécomptes. Aussi, la table chronologique dressée par Gudbrandur Vigfússon, et que nous reproduisons à la fin du volume, n’a de valeur que pour les événements de quelque importance et dont l’authenticité est prouvée de façon péremptoire. En réalité, il s’en faut de beaucoup que les faits ainsi marqués d’une date fixe aient eu lieu dans l’ordre indiqué. Bien plus, il est avéré que maints détails, que des épisodes entiers ont été créés de toutes pièces pour les besoins du récit, qu’ils n’ont d’autre raison d’être que le désir de rehausser l’ensemble d’une teinte de poésie et d’entourer certains héros d’une auréole de gloire.
Certes, au point de vue de cette froide conception historique