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Là-dessus, Arinbjörn s’en alla par la porte par où l’on pouvait atteindre le haut de la maison. Il s’assit près de la fenêtre de l’étage où l’oiseau était venu se poser auparavant, et il vit une sorcière[1] s’éloigner de l’habitation. Arinbjörn resta assis près de la fenêtre toute la nuit, jusqu’au point du jour. Pendant le temps où il se tenait là, Egil composa toute la drapa et l’avait si bien fixée dans la mémoire qu’il put la réciter le lendemain matin, quand il revit Arinbjörn. Ils attendirent que le moment fût venu pour se présenter devant le roi.

60.

La drapa « Höfudlausn » (rachat de la tête).

Suivant son habitude, le roi Eirik prit place à table en compagnie d’un grand nombre de convives. Arinbjörn, ayant appris la chose, se rendit avec toute son escorte en armes dans la résidence royale, là où le roi était assis à table. Il réclama l’autorisation d’entrer dans la halle, ce qui lui fut accordé. Egil y pénétra avec la moitié de ses suivants ; l’autre moitié stationnait au dehors, devant l’entrée. Arinbjörn salua le roi, qui l’accueillit aimablement. Il dit : « Voici venu Egil ; il n’a pas cherché à s’évader pendant la nuit. Nous voulons donc savoir, seigneur, quel sort lui sera réservé. Je n’attends que du bien de votre part. J’ai fait ce que la dignité commandait, en ne laissant passer aucune occasion d’agir et de parler en vue de rehausser votre gloire. De plus, j’ai quitté tout ce que je possédais, les parents et les amis que j’avais en Norvège et je vous ai suivi, alors que tous vos vassaux se sont séparés de vous ; et ce n’est que juste, attendu que sous maint rapport vous m’avez fait énormément de bien. »

Alors Gunnhild prit la parole : « Finis, Arinbjörn ; ne parle pas si longuement à ce propos. Tu as rendu de nombreux services au roi Eirik ; mais il t’en a amplement récompensé. Tu as,

  1. C’était Gunnhild, venue, sous la forme d’une bruyante hirondelle, pour troubler le repos du poète.