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Egil se rendit à ces conseils. Il monta à bord de son « scute » avec trente hommes et ils s’éloignèrent à la hâte. Le bateau était particulièrement rapide. Une quantité d’autres embarcations appartenant à Arinbjörn, voiliers et vaisseaux à rames, quittèrent le port. Mais le « long bateau » d’Arinbjörn partit le dernier, parce qu’il était très difficile à manœuvrer à la rame. Le « scute » d’Egil eut vite fait de prendre le large. Alors Egil dit cette strophe :

Le fils de Thyrnifot[1], ce menteur,
Cet accapareur d’héritages, me retient mon bien.
Je saurai braver ses menaces
Et ses paroles traîtresses.
Je lui ferai payer son rapt,
À ce généreux propriétaire,
Quand je l’atteindrai quelque part.
Nous voguions sur les flots[2].

Egil poursuivi par le roi Eirik.

Le roi Eirik avait entendu les dernières paroles qu’Egil, en guise de conclusion, avait prononcées au thing, et il en fut très vexé. Mais comme tout le monde était venu sans armes à l’assemblée, il ne songea pas à l’attaquer. Il enjoignit à tous ses hommes de regagner les bateaux, et ils obéirent à ses ordres. Ensuite il convoqua une réunion particulière et fit connaître ses projets. « Nous allons maintenant enlever les tentes de nos vaisseaux ; je veux poursuivre Arinbjörn et Egil. Je désire aussi vous faire savoir que je veux mettre à mort Egil, si nous le rejoignons, et que je ne ferai grâce à aucun de ceux qui feront mine de résister. »

Là-dessus, ils s’en allèrent au bateau, firent leurs apprêts avec toute la hâte possible, poussèrent l’embarcation en mer et ramèrent vers l’endroit où avaient été amarrés les vaisseaux d’Arinbjörn. Ensuite, le roi fit prendre la direction du nord, à

  1. « Pied d’épines, » surnom de Thorgeir, père d’Önund. (V. ch. 37 et 56.)
  2. Les figures des quatre derniers vers sont à peu près impénétrables et le sens n’en peut être fixé avec quelque certitude.