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Alors le roi Eirik répondit : « Si tu es tellement désireux de te battre, Egil, nous allons t’en offrir l’occasion ».

Egil riposta : « Je ne veux pas me battre contre toi ni contre des adversaires supérieurs en nombre ; mais devant des forces égales si l’on m’accorde cette condition je ne me déroberai point, et je ne ferai pas non plus de distinction entre les personnages. »

Arinbjörn intervint : « Quittons ces lieux », dit-il, « cette fois-ci nous ne ferons ici rien dont nous puissions tirer profit. » Sur ces mots il s’éloigna, suivi de tous ses compagnons.

Egil, en ce moment, revint sur ses pas et s’écria : « Je te prends à témoin, Arinbjörn, et toi, Thord, et tous ceux qui sont à même d’entendre mes paroles, vassaux et hommes de loi et toute l’assistance, que je frappe d’interdiction toutes les terres qui ont appartenu à Björn, avec défense de les exploiter et d’en tirer profit. Je le défends à toi, Bergönund, et à toutes autres personnes, indigènes ou étrangers, qu’elles soient de haute naissance ou de basse extraction ; et quiconque le fait, je le déclare coupable de violer les lois et les droits du pays et je le voue à la colère des dieux. »

Là-dessus, il s’en alla avec Arinbjörn. Ils rejoigrirent leurs embarcations en franchissant une colline qui, du thing, empêchait de voir les bateaux.

En arrivant à son bateau, Arinbjörn dit : « Tout le monde a pu constater de quelle manière l’assemblée a été dissoute et que nous n’avons pas obtenu justice. Mais le roi est fortement irrité et je m’attends à ce qu’il nous cause des désagréments, s’il en trouve l’occasion. Je désire donc que chacun de nous regagne son bateau et rentre chez soi. »

Ensuite, il dit à Egil : « Remonte maintenant sur ton bateau avec tes compagnons de route ; éloignez-vous et mettez-vous en garde, car il est à prévoir que le roi essayera de se rencontrer avec vous. Venez me trouver plus tard ; nous verrons quel arrangement peut se faire entre vous et le roi. »

    tribunal se trouvait dissous. Ce mode de trancher définitivement un différend n’était pas formellement reconnu par la loi ; mais il était enraciné dans les mœurs et aucun homme libre, à moins de se couvrir d’opprobre et d’être mis au ban de la société, ne pouvait s’y soustraire.