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prendre dans le Sogn. Tous ne formaient qu’un seul groupe. Arinbjörn était venu au thing avec une suite imposante. Il avait des voiliers rapides bien aménagés, de nombreux petits bateaux, « scutes » et embarcations à rames, pilotés par les böndr. Le roi Eirik, de son côté, avait amené une escorte nombreuse sur six ou sept « longs bateaux ». Il s’y trouvait, de plus, une masse de böndr.

Egil commença son exposé en enjoignant aux juges de juger, selon les lois, ses contestations avec Önund. Il expliqua sur quelles preuves il appuyait ses réclamations relatives à la fortune qui avait appartenu à Björn, fils de Brynjolf. Il prétendit qu’Asgerd, son épouse et fille de Björn, avait droit à la succession, étant née sur une terre allodiale et descendant en droite ligne d’une famille de vassaux, étant même, si l’on remonte plus haut, d’origine plus noble encore. Il insista auprès des juges pour qu’ils attribuassent à Asgerd la moitié de l’héritage de Björn, consistant en terres et biens meubles.

Quand Egil eut fini son plaidoyer, Bergönund prit la parole et dit : « Gunnhild, ma femme, est fille de Björn et d’Alof, son épouse légitime. Gunnhild est donc son héritière légale. Pour cette raison, j’ai pris possession de toute la fortune laissée par Björn, tout en sachant qu’il existait une autre fille de Björn, mais qui n’avait aucun droit à la succession. Sa mère, en effet, avait été enlevée[1] et, par suite, était considérée comme femme illégitime ; elle n’était pas mariée du consentement de la famille, mais menée de pays en pays[2]. Quant à toi, Egil, tu es venu ici — comme en n’importe quel autre endroit où tu as mis les pieds — décidé à étaler ton intransigeance et ta présomption. Aujourd’hui, cela ne te servira à rien, attendu que le roi Eirik et la reine Gunnhild m’ont promis que, quoi qu’il arrive, justice me serait rendue, pour autant que la chose était en leur pouvoir. Je produirai devant le roi et devant le tribunal des témoignages sûrs, prouvant que Thora Hladhönd, mère d’Asgerd, a été enle-

    en connaissance de cause et sans idée préconçue quant à la légitimité des revendications d’Egil.

  1. V. les détails aux ch. 32 et 33.
  2. Notamment aux îles Shetland et en Islande.