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Arinbjörn demanda quelle était cette femme pour laquelle il avait composé ce chant d’amour. « Tu as dissimulé son nom dans cette strophe. »

Alors Egil dit :

Rarement, dans la poésie,
Je cache le nom.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Car les gens, avec perspicacité,
Examineront les vers
Et en devineront le sens[1].

« On répète souvent, » continua Egil, « qu’il faut tout dire à son ami. Il en sera de même ici. Je te dirai donc ce que tu demandes, à savoir pour quelle femme j’ai fait ces vers. C’est pour Asgerd, ta parente ; et je voudrais avoir ton appui pour réaliser mes desseins. »

Arinbjörn lui répondit que ce projet lui paraissait conforme à ses goûts. « Je m’emploierai certainement en vue de la réussite du mariage. »

Ensuite, Egil fit part de ses intentions à Asgerd. Mais celle-ci s’en remit à l’avis de son père et d’Arinbjörn, son parent. Là dessus, Arinbjörn en causa à Asgerd, qui lui fit la même réponse. Il la pressa d’accepter la proposition. Arinbjörn et Egil s’en allèrent trouver Björn. Egil formula sa demande et sollicita la main d’Asgerd, fille de Björn. Celui-ci donna son consentement, ajoutant que l’avis d’Arinbjörn devait prévaloir. Arinbjörn approuva de bon cœur et le résultat des démarches fut qu’Egil se fiança à Asgerd. La noce devait avoir lieu chez Arinbjörn. Quand arriva le jour fixé, on organisa, à l’occasion du mariage d’Egil, un splendide festin. Egil fut de très joyeuse humeur le restant de l’hiver. Au printemps, il équipa un bateau de commerce à destination de l’Islande[2]. Arinbjörn lui conseillait de ne pas se fixer en Norvège, aussi longtemps que Gunnhild jouirait d’une si grande autorité, « car elle t’en veut à mort »,

  1. Une étrange accumulation d’obscures métaphores rend cette strophe en partie inintelligible.
  2. En 927.