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veras en Islande, tu remettras cet argent à ton père. Je le lui envoie pour payer la mort de son fils. Tu en distribueras une partie à ceux que tu juges les plus remarquables parmi tes parents et parmi ceux de Thorolf. Toi-même tu recevras de moi, comme compensation pour ton frère, des terres ou des biens meubles[1], ce que tu préfères ; et si tu consens à rester plus longtemps auprès de moi, je te conférerai ici tels honneurs et telles dignités que tu voudras me désigner toi-même. »

Egil accepta l’argent et remercia le roi de son cadeau et de ses paroles amicales. Dès ce moment, Egil commença à être de bonne humeur, et il dit :

Mes sourcils contractés s’abaissèrent
À cause de ma douleur.
Maintenant j’ai trouvé l’homme
Qui a su aplanir les rides de mon front.
Par le don d’un bracelet,
Le prince a égalisé
Les aspérités de mon visage.
Dans mes regards il n’y a plus de mystère.

Ensuite, on s’occupa des soins à donner aux blessés qui avaient échappé à la mort. Egil resta avec le roi Adalstein tout l’hiver qui suivit la mort de Thorolf et il fut comblé d’honneurs. Il avait autour de lui tous les hommes que lui et Thorolf avaient amenés et qui étaient sortis sains et saufs du combat. En ce moment, Egil composa une « drapa[2] » en l’honneur du roi. Dans ce poème, on lit ce qui suit :

Maintenant le guerrier,
Le descendant de seigneurs,
A fait périr trois princes[3].
Le pays tombe au pouvoir du roi.
Adalstein a accompli d’autres exploits encore :
Dispensateur de l’or !
Rien n’égale je le jure ici
Ce roi d’illustre famille.

  1. Les « biens meubles » comprenaient les armes, les vêtements, les parures et autres objets précieux, les instruments de travail, le gibier tué à la chasse et surtout le bétail et les domestiques-esclaves.
  2. Long poème dithyrambique accompagné d’un refrain.
  3. À savoir : Hring, Athgil et Aleif.