gros, une barbe abondante et longue, le menton excessivement large, de même que la mâchoire, le cou gros et les épaules plus robustes que ne l’ont les autres hommes. Il présentait un aspect rude et sauvage, lorsqu’il était en colère. Bien bâti, il dépassait tous les autres par la taille. Sa chevelure était épaisse et d’un gris de loup. La calvitie le menaçait de bonne heure. Assis là, comme il vient d’être dit, il baissait d’un côté les sourcils jusqu’au menton et, de l’autre côté, les relevait jusqu’à la naissance des cheveux. Egil avait les yeux noirs et les paupières brunes. Il ne voulait pas boire, bien qu’on lui apportât de la boisson ; mais il baissait et relevait tour à tour les sourcils. Le roi Adalstein occupait le haut siège ; lui aussi avait posé l’épée sur ses genoux. Lorsqu’ils furent assis là depuis quelque temps, le roi tira l’épée hors du fourreau, ôta de sa main un grand et superbe anneau d’or, le plaça sur la pointe de l’épée, se leva, s’avança dans la salle et, par-dessus le foyer, le tendit à Egil. Egil se leva à son tour, tira l’épée, s’avança dans la salle, piqua la pointe dans l’arc de l’anneau, l’attira à lui et retourna à sa place[1]. Le roi regagna le haut-siège. Quand Egil eut repris sa place, il fixa l’anneau à sa main et ses sourcils reprirent leur position normale. Ensuite, il déposa l’épée et le casque, saisit la corne d’animal qui lui était présentée et y but. Alors il dit :
Le guerrier, à mon bras
Que piétine le vautour[2],
Suspend le bracelet
De métal sonnant.
À mon bras je porte
L’anneau d’or.
D’autant plus grande
Est la gloire du brave guerrier.
À partir de ce moment, Egil buvait quand son tour venait et il se mit à causer avec les autres personnes. Là-dessus, le roi fit apporter dans la salle deux coffres, portés chacun par deux hommes. Tous les deux étaient remplis d’argent. Le roi dit : « Ces coffres, Egil, je te les donne. Quand tu arri-