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54.

La bataille continue. Mort de Thorolf.

Le roi Adalstein avait passé la nuit précédente dans la place forte, dont il a été question plus haut. Là il avait appris qu’un engagement avait eu lieu dans la plaine. Aussitôt il s’était apprêté avec son armée entière pour se porter vers le Nord sur le champ de bataille. On lui révéla des détails circonstanciés sur les péripéties de la lutte. En ce moment les deux frères Thorolf et Egil vinrent le trouver. Il les remercia vivement pour leur action énergique et pour la victoire qu’ils venaient de remporter et leur promit sa parfaite amitié. Ils restèrent là tous ensemble pendant la nuit.

Le lendemain, à l’aube naissante, le roi Adalstein fit éveiller ses troupes. Il eut une entrevue avec ses chefs et leur fit connaître la position que l’armée avait à prendre. Au premier rang il plaça sa propre division ; en tête de celle-ci il mit les plus valeureux de ses guerriers et en confia le commandement à Egil. « Quant à Thorolf, » dit-il, « il conduira ses propres troupes et les autres que je place sous ses ordres. Cette division occupera le deuxième rang dans notre ordre de bataille et sera placée sous sa direction pour tenir tête aux Écossais qui combattent généralement sans cohésion, courant de côté et d’autre et s’avançant sur plusieurs points à la fois. Souvent ils deviennent dangereux, si l’on n’est pas sur ses gardes ; mais ils se dérobent, dès qu’on les attaque résolument. »

Egil répondit au roi : « Je ne veux pas que Thorolf et moi, nous soyons séparés pendant la bataille ; mais je verrais avec plaisir que vous nous placiez là où notre présence est le plus nécessaire et où l’on se bat avec le plus d’acharnement. » Thorolf dit : « Laissons le roi en décider. Qu’il nous place où il veut. Servons-le de manière à lui être agréable. Je prendrai plutôt, si tu veux, la position qui t’a été assignée. » Egil répondit : « Décidez vous-mêmes ; mais plus d’une fois j’aurai à regretter cet arrangement. »

Ensuite les troupes se mirent en position dans l’ordre préconisé par le roi, et les étendards furent levés. La division royale