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végiens et tout un équipement norvégien ; car dans cette division avaient pris rang tous les Norvégiens qui se trouvaient là. Les hommes de Thorolf suivirent la lisière de la forêt, tandis que la division d’Alfgeir longeait le ruisseau. Le jarl Adils et son frère, voyant qu’ils ne pouvaient atteindre Thorolf sans être remarqués, commencèrent à disposer leurs hommes en ordre de bataille. Ils formèrent également deux divisions et avaient deux étendards. Adils prit position devant le jarl Alfgeir, et Hring en face des vikings. Bientôt la lutte fut engagée. Des deux côtés on marcha résolument en avant. Le jarl Adils opéra une vigoureuse attaque, forçant Alfgeir à céder le terrain. Les hommes d’Adils redoublèrent d’acharnement. Alfgeir ne résista pas longtemps ; il prit la fuite. Il faut ajouter, en ce qui le concerne, qu’il dirigea ses pas vers le sud à travers la plaine, suivi d’une bande de guerriers, et poursuivit sa retraite jusqu’à ce qu’il parvînt à proximité de la place forte où se trouvait le roi. Alors le jarl dit : « Je ne juge pas à propos d’entrer dans la place. Nous avons subi des reproches très sévères récemment en arrivant chez le roi, après la défaite que nous a infligée le roi Olaf. Notre situation, dans la présente retraite, ne lui apparaîtra guère plus favorable, et il ne faut pas espérer qu’il nous accueillera avec honneur. »

Il continua donc sa route vers le sud ; et, à propos de cette marche, il faut dire qu’il avança jour et nuit jusqu’à ce qu’il arrivât à Jarlsnes, dans l’ouest. Là il se procura une embarcation, passa la mer au sud et aborda au Valland[1] où habitait la moitié de sa famille[2]. Jamais depuis il ne revint en Angleterre. Adils poursuivit d’abord les fuyards ; mais peu après il revint sur ses pas, regagna le théâtre des hostilités et se lança à l’attaque. Thorolf, qui s’en aperçut, se porta à sa rencontre, fit diriger l’étendard de ce côté et ordonna à ses hommes de le suivre hardiment et en rangs serrés. « Avançons vers la forêt, » dit-il, « de manière que par elle nous soyons protégés par derrière et que l’ennemi ne puisse nous assaillir de tous les côtés à la fois. »

  1. Valland désigne spécialement la partie nord-est de la France (Normandie).
  2. C’est-à-dire ses parents soit du côté paternel, soit du côté maternel.