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à l’endroit où l’on était convenu de livrer le combat, en vue d’y choisir une place de campement et de tout préparer avant l’arrivée de l’armée. Parvenus sur les lieux marqués pour la rencontre, ils virent qu’à l’endroit où la bataille devait se livrer, se dressaient de toutes parts des pieux de noisetier servant à délimiter le terrain. Il s’agissait de choisir judicieusement une place qui fût assez unie pour y déployer une grande armée. Il se fit, effectivement, que là où l’engagement devait avoir lieu, il y avait une étendue plate, bordée d’un côté par un ruisseau, de l’autre par une vaste forêt. Là où le terrain se rétrécissait le plus entre la forêt et le ruisseau — et cet espace s’étendait sur une longueur considérable — les gens du roi Adalstein avaient dressé les tentes, qui ainsi occupaient tout l’intervalle compris entre la forêt et le ruisseau. Ils avaient fait leur répartition de telle manière qu’il n’y eût personne dans chaque troisième tente ; et dans les autres encore il n’y avait que peu de monde. À l’approche des guerriers d’Olaf, ils s’étaient massés en foule devant toutes les tentes ; ils les empêchèrent d’y pénétrer et leur firent croire que les tentes d’Adalstein étaient toutes remplies de soldats, au point qu’il y avait à peine assez de place pour ses propres troupes. D’autre part, les tentes s’élevaient à une telle hauteur que l’on ne pouvait voir par au-dessus ni savoir s’il y avait beaucoup ou peu de monde dans le vaste espace. L’ennemi se figurait qu’il y avait là une forte armée. Les hommes du roi Olaf déployèrent leurs tentes au nord de l’endroit délimité par les piquets, là où le terrain offrait de tous côtés une certaine déclivité. Tous les jours les gens d’Adalstein répétaient que leur roi allait venir ou qu’il était déjà arrivé à la place forte qui se trouvait au sud de la plaine. Jour et nuit il leur arrivait des troupes. Or, lorsque le délai, dont on était convenu, fut écoulé, les hommes d’Adalstein dépêchèrent des émissaires auprès du roi Olaf avec mission d’annoncer qu’Adalstein était prêt pour la lutte et qu’il avait une armée très imposante ; il lui faisait savoir qu’il désirait néanmoins éviter le grand carnage en perspective et qu’il engageait Olaf à retourner plutôt chez lui en Écosse. Il lui promettait, comme don d’amitié, un skilling d’argent pour chaque charrue qu’il y avait dans tout son royaume et exprimait son désir de nouer avec lui des relations amicales. Quand les envoyés