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trevue, eut rejoint ses camarades, ceux-lui demandèrent quelles nouvelles il avait à leur apprendre concernant le roi des Écossais. Il dit :

Olaf contraignit précipitamment
L’un des princes à s’enfuir,
Et il tua l’autre.
On me dit que ce roi est acharné au combat.
Godrek a dû faire sur le sol
Bien des faux pas[1].
L’ennemi des Anglais assujettit
La moitié du territoire d’Adalstein.

Là-dessus on envoya au roi Olaf des messagers chargés de lui dire que le roi Adalstein désirait délimiter un endroit par des piquets en coudrier[2] ; il lui proposait, pour y livrer bataille, la plaine de Vin, près de la forêt de Vin[3]. De cette façon, on voulait l’empêcher d’exercer des ravages dans le pays : celui-là obtiendrait la royauté en Angleterre, qui sortirait vainqueur de la lutte. Un délai d’une semaine précéderait l’engagement, et celui qui arriverait le premier sur les lieux attendrait l’autre pendant une semaine. Suivant une coutume de l’époque, dès que l’on avait, à l’intention d’un roi, délimité le terrain par des branches de coudrier, il ne pouvait, au risque de forfaire à l’honneur, commettre aucune déprédation avant que la bataille eût pris fin. Ainsi agit le roi Olaf. Il fit faire halte à son armée, ne causa aucun ravage et attendit jusqu’au jour fixé pour lancer son armée sur la plaine de Vin. Au nord de la plaine s’élevait une place fortifiée. Olaf s’y établit avec la majeure partie de ses troupes. Là, en effet, s’ouvrait un vaste territoire qui lui semblait offrir le plus de facilités pour se procurer les ressources dont l’armée avait besoin. Il envoya des hommes dans la plaine,

  1. Qui l’ont conduit à la mort.
  2. Une manière d’offrir le combat. À l’époque chrétienne encore, le coudrier, croissant dans la forêt commune, était sacré. On ne pouvait l’abattre. Une amende frappait quiconque emportait plus d’une poignée de noisettes. Cette vénération spéciale explique la coutume qui consiste à choisir des pieux de coudrier pour délimiter le lieu du combat ou du jugement.
  3. V. plus loin, ch. 54.