forêt, ils atteignirent au bout de peu de temps un campement. Ils s’y livrèrent au pillage et tuèrent des gens ; la plupart s’enfuirent sans opposer aucune résistance. Au déclin du jour Thorolf fit sonner la retraite. Les hommes ressortirent du bois, et ce n’est qu’en regagnant la rive que l’on pouvait savoir l’endroit où chaque groupe s’était engagé. À l’arrivée de Thorolf, on remarqua l’absence d’Egil ; et, comme la nuit tombait, on ne jugea pas possible d’aller à sa recherche. Egil avait traversé la forêt avec douze compagnons ; ils avaient découvert de vastes plaines et des campements. À peu de distance s’élevait une ferme solitaire vers laquelle ils dirigèrent leurs pas. Arrivés sur les lieux, ils firent irruption dans l’habitation et, n’apercevant personne, ils s’emparèrent de tout ce qui pouvait être emporté. Il y avait là plusieurs bâtiments. Ils y restèrent longtemps ; mais, quand ils furent sortis dans l’intention de quitter la ferme, ils se virent assaillis par une troupe qui s’était massée dans l’intervalle qui les séparait des forêts. Une haute clôture en bois fermait l’accès de la forêt. Alors Egil recommanda à ses amis de le suivre, pour qu’on ne pût les attaquer de tous les côtés. Il marcha en tête, et ses hommes se serrèrent l’un contre l’autre, de manière qu’il fût impossible de pénétrer dans leurs rangs. Les Courlandais allèrent bravement à l’attaque, la plupart à coups de lances et de flèches, évitant de se battre à l’épée. Egil et les siens ne remarquèrent rien avant d’arriver au pied de la palissade ; mais celle-ci, tournant dans une autre direction, les empêcha d’avancer. Dans cette impasse les Courlandais se jetèrent sur eux ; quelques-uns les harcelèrent de l’extérieur en poussant les lances et les épées à travers la clôture, d’autres jetèrent des vêtements sur les armes ennemies[1]. Les vikings furent blessés, puis saisis et ligotés tous, et conduits ainsi jusqu’à la ferme. Le propriétaire de celle-ci était puissant et riche ; il avait un fils valeureux. On se concerta pour savoir ce qu’il fallait faire. Le père dit qu’il lui semblait bon de les assommer tous l’un après l’autre. Le fils du « bóndi » fit observer qu’il commençait à faire obscur, qu’on n’aurait aucune distraction à les torturer en ce moment et il con-
- ↑ Pour les empêcher de s’en servir à leur aise.