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on l’appelait Björn Höld[1]. Il était riche en or et avait un nombreux entourage. Aussitôt débarqué, Thorolf s’empressa d’aller trouver Björn. Il était accompagné d’Asgerd, fille de Björn. On fut heureux de se revoir. Asgerd était une personne d’une grande beauté et d’aptitudes peu ordinaires ; elle était intelligente et instruite en beaucoup de choses. Thorolf rendit visite au roi Eirik. Arrivé en sa présence, il lui présenta les salutations de Skallagrim, disant qu’il avait accepté avec reconnaissance le cadeau envoyé par le roi. Ensuite il lui offrit une excellente voile pour « long bateau », déclarant que c’était un présent de Skallagrim au roi. Eirik accepta de bonne grâce ce présent et invita Thorolf à rester chez lui pendant l’hiver. Thorolf remercia le roi pour son offre. « Mais avant toutes choses je dois me rendre chez Thorir ; j’ai une affaire urgente à traiter avec lui. »

Thorolf s’en alla donc, comme il avait dit, chez Thorir, qui lui fit un accueil des plus bienveillant. Thorir l’engagea à demeurer auprès de lui. « J’accepterais ta proposition, » répondit Thorolf, « mais je suis en compagnie d’un homme qui doit absolument être là, où je suis moi-même ; c’est mon frère, qui n’avait jamais quitté la maison paternelle et qui a besoin de ma protection ». Thorir reprit qu’il lui était loisible même d’amener avec lui, s’il le voulait, plusieurs personnes, ajoutant : « Ton frère, je pense, nous vaudra une charmante société, pourvu qu’il te ressemble tant soit peu. »

Là-dessus Thorolf rejoignit son bateau qu’il fit tirer sur le rivage pour le remettre en bon état. Ensuite il s’en alla avec Egil chez le hersir Thorir. Celui-ci avait un fils du nom d’Arinbjörn, un peu plus âgé qu’Egil. De très bonne heure Arinbjörn fit preuve d’intelligence et excellait par les qualités du corps et de l’esprit. Egil se montrait très assidu auprès de lui et recherchait sa compagnie, tandis que les deux frères avaient des rapports plutôt froids.

  1. L’isl. höldr désigne à proprement parler le propriétaire d’un ódal ou terre allodiale ; il occupait un rang social intermédiaire entre le bóndi (propriétaire libre) et le hersir (administrateur d’un district).