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33.

Björn en Islande.

Peu de temps avant l’hiver[1], un bateau venant des Orkneyjar arriva à Hjaltland. L’équipage apporta la nouvelle qu’en automne un « long bateau » avait abordé dans ces îles avec des envoyés du roi Harald ; ceux-ci avaient mission de faire savoir au jarl Sigurd[2] que le roi voulait que l’on tuât Björn, fils de Brynjolf, partout où l’on se saisirait de sa personne. Des ordres semblables avaient été expédiés aux « îles du Sud[3] » et même jusqu’à Dublin. En même temps Björn apprit qu’il était mis hors la loi[4] en Norvège. Dès son arrivée à Hjaltland, il célébra son mariage avec Thora et demeura avec elle durant l’hiver à Moseyjarborg.

Au retour du printemps, lorsque la mer devint plus calme, Björn remit son bateau à flot et l’apprêta en toute diligence.

  1. Le commencement de l’hiver, d’après notre calendrier, tombait vers la mi-octobre ; d’après le calendrier julien, une dizaine de jours plus tôt.
  2. Au temps de Harald aux Beaux Cheveux, les Orkneyjar ou Orcades devinrent un fief héréditaire dépendant de la couronne de Norvège et furent abandonnés à des jarls contre paiement d’un tribut annuel. Selon plusieurs sources nordiques, dont le récit diffère en certains points de celui de la Vatnsdäla saga (ch. 9), Harald conféra cette dignité à Sigurd, auquel succéda son fils Gutthorm. Celui-ci, mort sans enfants, légua ses fonctions à un neveu de Sigurd, appelé Einar, fils de Rögnvald, et connu sous le nom de Torf-Einar. Ce dernier fut le fondateur de la puissante dynastie des jarls des Orkneyjar, dont l’histoire est relatée dans la Orkneyinga saga. Le dialecte scandinave parlé aux Orcades s’éteignit vers 1800.
  3. Les Hébrides.
  4. Isl. útlägr (angl. outlaw, hors la loi). Le proscrit, qui devait quitter le pays pour une période de vingt années, se trouvait exclu du droit commun. On pouvait, dans la région ou le pays sur lequel s’étendait la sentence d’exil, le tuer impunément et sans conditions. Les effets de la proscription toutefois se trouvaient fréquemment restreints dans leur rigueur au triple point de vue du temps, de l’espace et des stipulations. Dans certains cas, elle n’atteignait que la personne même qui alors conservait ses biens ou n’en subissait que la confiscation partielle.