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les propriétés de son père. Les fils de Brynjolf étaient Björn et Thord. Ceux-ci étaient jeunes encore, lorsque ces événements se passèrent. Björn était un hardi voyageur, tantôt pratiquant la piraterie et tantôt se livrant au commerce. C’était un personnage des plus valeureux. Or, un jour d’été, il se fit que Björn, arrêté aux Firdir pour assister à un banquet en compagnie nombreuse, remarqua une belle jeune fille qu’il admira beaucoup. Il s’informa de quelle famille elle était ; on lui dit qu’elle était la sœur du hersir Thorir, fils de Hroald et qu’on l’appelait Thora Hladhönd. Il déclara la vouloir pour femme et la demanda en mariage ; mais Thorir refusa son consentement, et là-dessus ils se quittèrent.

Ce même automne Björn réunit une troupe et sur un « scute » bien équipé, il s’en alla vers le nord, aux Firdir, et arriva chez Thorir à un moment où celui-ci n’était pas à la maison. Björn enleva Thora et l’emmena chez lui à Aurland, où ils passèrent l’hiver. Björn désirait célébrer ses noces avec elle. Brynjolf, son père, n’était nullement content de la chose, car Björn venait d’infliger un affront à Thorir, alors que jadis celui-ci et Brynjolf avaient longtemps vécu en amis. « Tu ne fêteras en aucun cas, » dit-il, « chez moi ton mariage avec Thora, sans le consentement de Thorir, son frère ; car elle sera traitée ici comme si elle était ma fille et ta sœur. »

Dans son habitation tout se passa comme Brynjolf avait dit, que cela plût ou non à Björn. Brynjolf envoya des messagers chez Thorir pour lui proposer la réconciliation, ainsi qu’une compensation pour l’acte que venait d’accomplir Björn. Thorir pria Brynjolf de renvoyer Thora à la maison, disant que dans le cas contraire aucun accord ne se ferait. Cependant, malgré les exhortations de Brynjolf, Björn ne voulut à aucune condition la laisser partir. En attendant, l’hiver se passa. Au retour du printemps, Brynjolf et Björn un jour délibéraient sur leurs projets. Brynjolf demanda à son fils ce qu’il se proposait de faire. Celui-ci répondit que très probablement il s’en irait loin du pays. « Mon rêve le plus cher, » dit-il, « est que tu me procures un long bateau et un équipage pour entreprendre des expéditions lointaines. » — « Tu ne t’attends sans doute pas, » reprit Brynjolf, « à ce que je te remette un vaisseau de guerre et une nombreuse troupe ? Puis-je,