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la saga de nial

cela plutôt de nous autres qui sommes des hommes de meurtre, que de notre père nourricier. »

Njal dit : « Bien des gens croiront, avec l’humeur qu’on vous connaît ; que c’est vous qui avez fait le coup. Vous en viendrez là avant qu’il soit longtemps, mais il y en aura qui diront que vous y étiez bien forcés ». Alors ils allèrent trouver Gunnar et lui dirent le meurtre. Gunnar dit que ce n’était pas une grande perte : « Pourtant c’était un homme libre ». Njal lui offrit la paix. Gunnar accepta et on convint qu’il prononcerait lui-même. Et tout de suite il fixa le prix à cent onces d’argent. Njal paya aussitôt, et ainsi la paix fut faite entre eux.

XLI

Il y avait un homme nommé Sigmund. Il était fils de Lambi, fils de Sighvat le rouge, il était grand voyageur, accort et beau, grand et fort. C’était un homme d’humeur fière : il était bon skald et s’entendait bien à toutes sortes de prouesses ; mais il était vantard, moqueur et querelleur. Il était venu à terre à l’est dans le Hornafjord. Son compagnon s’appelait Skjöld. C’était un Suédois, auquel il n’était pas bon d’avoir affaire. Ils prirent des chevaux et quittèrent le pays de l’est et le Hornafjord. Et ils ne s’arrêtèrent de chevaucher que lorsqu’ils furent arrivés dans le Fljotshlid, à Hlidarenda. Gunnar les reçut bien. Ils étaient proches parents, Sigmund et lui. Gunnar offrit à Sigmund de passer chez lui l’hiver. Sigmund dit qu’il voulait bien, si Skjöld son compagnon restait aussi. « J’ai ouï dire de lui, dit Gunnar, qu’il n’adoucirait pas ton humeur ; et pourtant tu aurais grand besoin qu’elle fût adoucie. De plus le séjour ici est dangereux, et je veux vous donner, comme à mes parents, un conseil : c’est de ne pas aller trop vite si ma femme Halgerd veut vous pousser à quoi que ce soit ; car elle fait bien des choses qui ne sont pas comme je voudrais ». — « Qui avertit veut du bien » dit