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INTRODUCTION
DE PETERSEN


Il n’y a qu’un petit nombre de Sagas, ou plutôt il n’y en a aucune qui, au dire des connaisseurs, puisse être comparée à la Saga de Njal. Par le fond comme par la forme elle est supérieure à tout ce que nous connaissons du Nord, et si l’on songe que ce récit a été écrit il y a plus de sept cents ans, sur une île lointaine, à une grande hauteur vers le Nord, sa perfection peut à bon droit exciter notre admiration. Aucune autre Saga ne montre dans un tableau plus saisissant toute la vie de cette époque reculée, aucune ne représente en plus grand détail toute la forme de la procédure. Elle nous arrache complètement à notre vie accoutumée, j’ai presque dit à la trivialité de notre vie de tous les jours, où l’on compte pour le plus grand bonheur de pouvoir se coucher tranquillement chaque nuit dans son lit. Elle nous ramène en arrière jusqu’à cette sauvagerie des anciens temps où la mort et le meurtre étaient à l’ordre du jour, où celui qui se levait de sa couche le matin et qui passait le seuil de sa porte ne pouvait être sûr qu’il ne rencontrerait pas son ennemi et ne mourrait pas de sa main, où par suite celui qui se rendait dans son champ pour l’ensemencer, dans les dispositions les plus pacifiques, prenait le grain dans une main et l’épée dans l’autre. Il faut entrer, toutefois, dans l’esprit de ce