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la saga de nial

Gunnar revint du ting et fit des reproches à Halgerd. Elle dit que bien des hommes qui valaient mieux que Svart étaient sous terre sans qu’on eût payé d’amende pour eux. « Mène tes entreprises comme tu l’entends, dit Gunnar, mais c’est à moi de décider comment il faut arranger l’affaire. » Halgerd ne cessait de se vanter du meurtre de Svart et Bergthora n’aimait pas cela.

Njal alla à Thorolfsfell, et ses fils avec lui, pour visiter son domaine. Ce même jour il arriva que Bergthora était dehors ; elle vit un homme qui venait vers la maison, monté sur un cheval noir. Elle resta là, sans rentrer. Elle ne connaissait pas cet homme. Il avait un épieu à la main, et une épée courte pendait à son côté. Elle lui demanda son nom. « Je m’appelle Atli » dit-il. Elle demanda d’où il était. « Je suis du pays des fjords de l’est » dit-il. — « Où vas-tu ? » dit-elle. « Je suis sans domicile, dit-il, et je venais trouver Njal et Skarphjedin, et savoir s’ils voudraient me prendre chez eux. » — « Que saurais-tu bien faire ? » dit-elle. « Je travaille aux champs, et je sais faire encore bien d’autres choses, dit-il, mais je ne te cacherai pas que je suis d’un naturel violent, et je suis cause que bien des gens ont eu des blessures à bander. » — « Je ne te blâmerai pas de n’être pas un poltron » dit Bergthora. Atli dit : « As-tu donc quelque chose à dire ici ? » — « Je suis la femme de Njal, dit-elle, et je puis prendre des serviteurs aussi bien que lui ». — « Veux-tu me prendre ? » dit-il. — « Je le ferai, dit-elle, à une condition, c’est que tu feras tout ce que je te commanderai, quand même je t’enverrais tuer un homme. » — « Tu ne manques pas de gens à tes ordres, dit-il, et tu n’as pas besoin de moi pour cela. » — « Je ferai en cela comme je l’entendrai, » dit-elle. — « Faisons donc le marché de la manière que tu veux » dit-il. Et elle le prit à son service.

Njal revint et ses fils avec lui. Njal demanda à Bergthora qui était cet homme. « C’est ton serviteur,