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la saga de nial

quel côté parer. D’un coup d’épée, Gunnar lui coupa les deux jambes. En même temps Kolskegg perçait Karl d’un javelot. Après cela ils firent beaucoup de butin.

De là ils allèrent au Sud, en Danemark, et de là à l’est dans le Smaland. Et ils se battaient partout, et ils avaient toujours la victoire. Ils ne revinrent pas à l’automne.

L’été suivant, ils allèrent à Rafal et trouvèrent là des pirates. Ils les attaquèrent et eurent la victoire. Après cela ils allèrent à l’est, jusqu’à Eysysl et ils restèrent là quelques temps sous un promontoire. Ils virent un homme qui descendait tout seul de la montagne. Gunnar vint à terre, à la rencontre de l’homme, et ils parlèrent ensemble. Gunnar lui demanda son nom, il se nommait Tofi. Gunnar demanda ce qu’il voulait. « C’est toi que je cherche, dit-il ; il y a ici des vaisseaux de guerre à l’ancre de l’autre côté du promontoire, et je vais te dire qui les commande. Deux frères les commandent : l’un s’appelle Hallgrim et l’autre Kolskegg. Je sais qu’ils sont grands hommes de guerre ; et je sais aussi qu’ils ont des armes si bonnes qu’il ne s’en trouve pas de pareilles. Hallgrim a une hallebarde qu’il a fait ensorceler, de sorte que nulle autre arme que cette hallebarde ne pourra lui donner la mort. Et il y a ceci encore : c’est qu’il sait tout d’abord quand la hallebarde doit aller au combat ; car alors elle résonne si fort qu’on l’entend de loin ; si grande est la vertu qu’il y a en elle ». Alors Gunnar chanta :

« Je l’aurai bientôt, cette hallebarde, quand j’aurai tué le guerrier terrible. J’entasserai les morts, et les armes résonneront sur les casques. Alors je m’en irai sur le coursier d’Endil[1], quand les sorciers auront perdu la vie dans la tempête de Sigar[2] ».

  1. Vaisseau
  2. Bataille