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la saga de nial

Ils se mirent donc en route vers la vallée du Breidafjord. Et il n’y a rien à dire d’eux jusqu’à leur arrivée à Höskuldstad. Il y avait là chez Höskuld son frère Hrut. Usvif appela dehors Höskuld et Hrut. Ils sortirent tout deux, et saluèrent Usvif. Après quoi ils commencèrent à parler ensemble. Höskuld demanda à Usvif d’où il venait. Usvif dit qu’il était allé à la poursuite de Thjostolf et qu’il ne l’avait pas trouvé. Höskuld dit que Thjostolf devait être allé au nord, à Svanshol : « Et il n’est au pouvoir de personne, ajouta-t-il, d’aller le chercher là ».

« Je suis venu ici, dit Usvif, pour te réclamer le prix du meurtre de mon fils ». Höskuld répondit : « Ce n’est pas moi qui ai tué ton fils, ni qui ai conseillé sa mort ; mais tu es excusable de chercher quelque dédommagement ». Hrut prit la parole : « Le nez, mon frère, dit-il n’est pas loin des yeux ; il est nécessaire que tu mettes fin aux mauvaises paroles et que tu lui payes une amende pour son fils. Tu rendras meilleure de la sorte l’affaire de ta fille. C’est le seul moyen de faire taire les gens au plus vite ; et moins on parlera de ceci, mieux ce sera ». Höskuld lui dit : « Veux-tu être notre arbitre ? » — « Je le veux, dit Hrut ; et je ne te ménagerai pas dans ma sentence ; car s’il faut dire vrai, c’est ta fille qui a conseillé de tuer Thorvald ». Alors Höskuld devint rouge comme du sang et resta un moment sans rien dire. Après cela il se leva et dit à Usvif : « Veux-tu me donner la main, en signe que tu laisses tomber ta plainte ? » Usvif se leva et dit : « La partie n’est pas égale, si c’est ton frère qui prononce. Et pourtant tu as si bien parlé, Hrut, que je te défère volontiers la sentence ». Après cela, il prit la main d’Höskuld ; et il fut convenu que Hrut prononcerait, et terminerait l’affaire avant qu’Usvif ne retournât chez lui.

Hrut prononça donc sa sentence : « Je prononce dit-il, pour le meurtre de Thorvald une amende de deux cents d’argent — ce qui passait alors pour une forte