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la saga de nial

une troupe de gens, et marcher vers le nord, à la poursuite de Thjostolf. » Ils firent comme il avait dit, et allèrent partout, demandant du monde ; et cela fit une troupe nombreuse. Ils montèrent à cheval et s’en allèrent vers le Steingrimsfjord. De là, ils vinrent dans le Ljotardal, puis dans le Selardal, et à Bassastada ; et enfin, par le col de la montagne, au Bjarnarfjord.

Svan prit la parole et il ouvrait la bouche toute grande : « Voilà les gens d’Usvif qui viennent nous attaquer ». Thjostolf sauta sur ses pieds et prit sa hache. Svan lui dit : « Viens dehors avec moi. Il ne faudra pas grand’chose ». Et ils sortirent tous deux. Svan prit une peau de chèvre, l’agita au-dessus de sa tête et dit : « Vienne le brouillard, viennent l’effroi et la terreur sur tous ceux qui te cherchent ».

Ils chevauchaient au col de la montagne, Usvif et ses compagnons. Et voilà qu’un grand brouillard vint au devant d’eux. Usvif dit : « C’est Svan qui a fait cela, et ce sera bien s’il n’arrive après rien de pire ». Bientôt les ténèbres devinrent si grandes devant leurs yeux, qu’ils ne voyaient plus rien. Et ils tombaient de leurs chevaux, et les perdaient, et s’en allaient dans les marais, d’autres dans les bois, si bien qu’ils étaient en grand péril. Ils avaient laissé tomber leurs armes. Alors Usvif dit : « Si je pouvais retrouver mon cheval et mes armes, je m’en retournerais ». Et comme il avait dit cela, ils commencèrent à y voir un peu, et retrouvèrent leurs chevaux et leurs armes. Et beaucoup d’entre eux pressèrent Usvif de continuer la chevauchée, ce qui fut fait ; et aussitôt le même prodige reparut. Et cela arriva trois fois. Alors Usvif dit : « Quoique ce soit pour nous une triste affaire, il faut bien nous en retourner. Nous allons songer à autre chose. Je pense que le mieux est d’aller trouver Höskuld, le père d’Halgerd, et de lui demander une amende pour la mort de mon fils ; car on peut s’attendre à être bien traité, là où il y a les moyens de le faire.