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la saga de nial

Les gens du roi Brjan prirent son cadavre, et lui donnèrent la sépulture. La tête du roi s’était rattachée au tronc.

Il périt à la bataille du roi Brjan quinze des hommes de l’incendie. Ce jour-là, tombèrent aussi Halldor, fils de Gudmund le puissant, et Erling de Straumey.

Voici ce qui arriva, le vendredi saint, à Katanes. Un homme nommé Dörrud, sortit de chez lui ce jour-là. Il vit des gens à cheval au nombre de douze, s’en aller vers une maison, où ils disparurent dans la salle des femmes. Dörrud vint à la maison, et regarda par une fente qui était là. Il vit que c’étaient des femmes qui étaient dedans, auprès d’un métier à tisser. Ce métier avait des têtes d’hommes en guise de poids, et des boyaux humains, pour trame et pour fil. Les montants du métier étaient des épées, et les navettes, des flèches.

Et les femmes chantaient :

« Voyez, notre trame est tendue pour les guerriers qui vont tomber. Nos fils sont comme une nuée d’où il pleut du sang. Nos trames grisâtres sont tendues comme des javelots qu’on lance ; nous, les amies d’Odin le tueur d’hommes, nous y ferons passer un fil rouge.

« Notre trame est faite de boyaux humains, et nos poids sont des têtes d’hommes. Des lances arrosées de sang forment notre métier, nos navettes sont des flèches, et nous tissons avec des épées la toile des combats.

« Voici Hild qui vient pour tisser, et Hjörthrimul, Sangrid et Svipul ; comme leur métier va résonner quand les épées seront tirées ! Les boucliers craqueront, et l’arme qui brise les casques entrera en danse.

« Tissons, tissons la toile des combats. Tissons-la pour le jeune roi. Nous irons de l’avant, et nous entrerons dans la mêlée quand viendront nos amis, pour frapper de grands coups.