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la saga de nial

tant après, Amundi le blanc fut tué. Le jarl Sigurd à son tour fut percé d’un coup de lance.

Uspak s’avançait à travers l’armée ennemie. Il avait reçu une blessure profonde, et les deux fils du roi Brjan étaient tombés à ses côtés. Le roi Sigtryg prit la fuite devant lui. Alors toute l’armée se débanda. Thorstein, fils de Hal de Sida, s’arrêta pendant que les autres fuyaient, pour attacher la courroie de son soulier. « Pourquoi ne cours-tu pas comme eux ? » demanda Kerthjalfad. — « Parce que je n’arriverais pas chez moi ce soir, dit Thorstein, ma demeure est en Islande. » Kerthjalfad lui donna la paix.

Hrafn le rouge était venu dans sa fuite sur le bord d’une rivière. Il lui sembla qu’il voyait au fond les tourments de l’enfer, et des diables qui voulaient le tirer à eux. « Apôtre Pierre, cria-t-il, ton chien que voici est allé deux fois à Rome ; il ira une troisième fois si tu viens à son secours. » Alors les diables le laissèrent aller, et Hrafn put passer la rivière.

À ce moment, Brodir vit que l’armée du roi Brjan poursuivait les fuyards, et qu’il restait peu de monde auprès du rempart de boucliers. Il sortit du bois en courant, renversa les boucliers, et frappa le roi. Takt, le jeune fils du roi Brjan, étendit le bras. Le coup lui emporta le bras, et la tête du roi. Le sang du roi coula sur le bras mutilé de son fils, et la blessure guérit à l’instant. Alors Brodir cria à haute voix : « Allez-vous dire les uns aux autres que Brodir a tué Brjan. »

On courut après ceux qui poursuivaient les fuyards, et on leur dit que le roi Brjan était mort. Ulf Hræda et Kerthjalfad revinrent aussitôt en arrière. Ils firent un cercle autour de Brodir et des siens, et les firent tomber, en jetant de grosses branches sur eux. De la sorte Brodir fut pris vivant. Ulf Hræda lui ouvrit le ventre et le fit tourner autour d’un arbre, de manière à lui tirer du corps tous ses boyaux. Et Brodir ne mourut que quand ils furent tous sortis, jusqu’au dernier. Tous ses hommes furent tués avec lui.