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la saga de nial

La troisième nuit, le même bruit revint encore. Après cela, il vint sur eux une nuée de corbeaux, et il leur sembla que ces corbeaux avaient un bec et des serres de fer. Les corbeaux les attaquèrent si rudement qu’ils eurent à se défendre avec leurs épées, et à se couvrir de leurs boucliers. Cela dura jusqu’au jour. Et il était mort encore un homme sur chaque vaisseau. Après cela, ils dormirent un peu d’abord.

Quand Brodir s’éveilla, il respirait avec peine, et il donna l’ordre qu’on mît au plus vite une barque à la mer : « car je veux, dit-il, aller trouver Uspak. » Il entra dans la barque, et quelques hommes avec lui. Quand il fut devant Uspak, il lui conta tous les prodiges qui avaient fondu sur eux, le priant de lui dire ce que cela signifiait. Uspak refusa de le dire, tant que Brodir ne lui aurait pas juré la paix. Et Brodir jura. Mais Uspak fit encore résistance jusqu’à la nuit ; car la nuit Brodir ne commettait jamais de meurtre.

Alors Uspak dit : « Quand il est tombé sur vous une pluie de sang, cela signifiait qu’il en sera versé beaucoup, le vôtre et celui de bien d’autres ; quand vous avez entendu un grand bruit, cela signifiait que vous allez quitter ce monde, et que vous mourrez tous bientôt. Quand toutes ces armes vous ont attaqués, c’était un présage de combat ; et ces corbeaux qui ont fondu sur vous, c’étaient les démons en qui vous croyez et qui vous mèneront aux supplices de l’enfer. »

Brodir entra dans une colère si grande, qu’il ne put rien répondre, il retourna vers ses hommes et fit placer les vaisseaux l’un à côté de l’autre, au travers du détroit ; on les attacha au rivage avec des câbles. Brodir voulait dès le lendemain attaquer Uspak et le tuer, lui et tous les siens. Uspak vit ce que Brodir avait en tête. Il fit vœu d’embrasser la vraie foi, d’aller trouver le roi Brjan, et d’être avec lui jusqu’à son dernier jour. Puis il fit avancer tous ses vaisseaux,