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la saga de nial

Le roi Sigtryg demanda : « Et Skarphjedin, comment s’est-il comporté dans les flammes ? » — « Bien d’abord, dit Gunnar ; mais il a fini par pleurer » et il continuait à raconter l’histoire à sa manière, et il riait aux éclats. Kari n’y put tenir. Il entra dans la salle en courant, l’épée levée, et il chanta :

« Ils se sont vantés, les vaillants hommes, d’avoir brûlé Njal. Ont-ils su quelle vengeance nous en avons tirée ? Ils ont été payés de leur exploit, ces rudes guerriers, et les corbeaux ont eu de la chair à manger. »

Puis, s’élançant à travers la salle, il abattit son épée sur le cou de Gunnar. La tête vola sur la table, devant le roi et les jarls ; la table et les vêtements des jarls furent inondés de sang.

Le jarl Sigurd reconnut l’homme qui avait fait ce meurtre. Il cria : « Emparez-vous de Kari et tuez-le. » Kari avait été l’homme du jarl Sigurd, et nul n’avait plus d’amis que lui ; personne ne se leva, malgré l’ordre du jarl. « On pourrait dire, seigneur, dit Kari, que c’est pour vous que j’ai fait ce que je viens de faire, et pour venger votre homme, Helgi fils de Njal. » Flosi prit la parole : « Kari, dit-il, n’a pas fait cela sans motif ; car il n’y a point de paix conclue entre lui et nous. Ce qu’il a fait, il avait le droit de le faire. » Kari s’en alla, sans que personne se mît à sa poursuite. Il se rembarqua, et ses compagnons avec lui.

Le temps était beau. Ils firent voile au Sud, vers Katanes, et débarquèrent à Thrasvik, chez un homme puissant, nommé Skeggi. Ils restèrent chez lui longtemps.

Les autres, aux Orkneys, nettoyèrent la table et emportèrent le mort. On vint dire au jarl que Kari et les siens avaient fait voile au Sud, vers l’Écosse. « C’est un vaillant homme, dit le roi Sigtryg, celui qui a fait cela si hardiment, sans y songer à deux fois. » — « Kari n’a pas son pareil, répondit le jarl Sigurd,