Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/360

Cette page a été validée par deux contributeurs.
340
la saga de nial

à Gissur qu’il voulait descendre au rivage, à Eyra. Gissur lui fit présent au départ d’une bonne épée, Kari descendit donc à Eyra et prit passage sur le vaisseau de Kolbein le noir. Kolbein était des îles Orkneys. C’était un grand ami de Kari, le plus brave et le plus hardi des hommes. Il reçut Kari à bras ouverts, et lui dit qu’un même sort les frapperait tous deux.

CLIII

Il faut revenir à Flosi, qui s’en va dans l’Est, au Hornafjord. Presque tous ses hommes étaient venus avec lui. Ils amenèrent dans l’Est leurs marchandises et leurs vivres, et tout le bagage qu’ils avaient à emporter. Après quoi ils mirent leur vaisseau en état, et se préparèrent à partir. Flosi resta là jusqu’à ce que tout fût prêt, et dès qu’ils eurent bon vent, ils firent voile vers le large.

Ils furent longtemps en pleine mer, car le temps était mauvais, et ils naviguaient sans savoir où ils allaient. Il arriva un jour qu’ils reçurent trois grosses lames. Flosi dit qu’il devait y avoir une terre dans le voisinage, et que c’étaient des brisants. La brume était épaisse. Le vent s’éleva, et une grande tempête fondit sur eux. Avant qu’ils eussent le temps de se reconnaître, une nuit, ils furent jetés au rivage. Les hommes se sauvèrent, mais le vaisseau fut mis en pièces, et ils ne purent rien sauver de leurs marchandises. Ils tâchèrent de se réchauffer, et le jour suivant, ils montèrent sur une hauteur. Le temps s’était mis au beau. Flosi demanda si quelqu’un de ses hommes connaissait ce pays. Il y en avait deux qui étaient déjà venus là ; « Nous reconnaissons bien cette terre, dirent-ils ; c’est Hrossey, une des Orkneys. » — « Nous aurions pu trouver un meilleur endroit pour aborder, dit Flosi ; car Helgi fils de Njal, que j’ai tué, était l’homme du jarl Sigurd fils de Hlödvir. » Ils cherchèrent un creux pour s’y cacher, et se couvrirent de mousse. Ils