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la saga de nial

Mörd fit bon accueil à sa fille, et lui demanda si elle avait bien fait suivant ses conseils. « Je n’ai rien oublié » dit-elle. Il alla au tertre de la loi, et déclara Hrut et Unn séparés par séparation légale. Et ce fut pour les gens une nouvelle inattendue. Unn s’en retourna avec son père et ne revint plus jamais dans le pays de l’Ouest.

VIII

Hrut revint chez lui. Il fronça le sourcil très fort quand il sut que sa femme était partie. Il se tint pourtant tranquille et resta chez lui tout l’hiver, sans parler de son affaire à personne.

L’été suivant, il partit pour l’Alting et son frère Höskuld avec lui. Ils avaient beaucoup de monde. En arrivant, il demanda si Mörd Gigja était au ting. On lui dit qu’il y était. Chacun crut qu’ils allaient parler de leur affaire ; mais il n’en fut rien.

Un jour, comme les gens étaient venus au tertre de la loi, Mörd prit des témoins, et déclara qu’il réclamait à Hrut le bien de sa fille ; et il évaluait ce bien à quatre-vingt-dix cents ; il déclara qu’il sommait Hrut d’avoir à lui payer cette somme, sous peine d’une amende de trois marks ; il déclara qu’il appelait l’affaire devant le tribunal de district qui devait en connaître selon la loi ; et il finit en disant : « Ceci est ma déclaration légale, faite de manière que chacun puisse l’entendre, au tertre de la loi. »

Quand il eut cessé de parler, Hrut répondit : « Tu poursuis cette affaire, qui est celle de ta fille, par avarice et par chicane, tu n’y mets ni bon vouloir, ni aucun sentiment d’amitié. Mais je ne te laisserai pas sans réponse, car ces biens qui sont en ma possession, tu ne les a pas encore entre tes mains. Ma réponse est celle-ci, et j’en prends à témoins tous ceux qui sont au tertre de la loi, et qui peuvent nous entendre : je te défie en combat singulier dans l’île. La dot toute entière sera l’enjeu, j’y ajouterai des