Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.
336
la saga de nial

dit Björn, de faire ce qu’il y a de plus sage ? » — « Oui certes, » dit Kari. « Alors nous aurons vite fait de nous décider, dit Björn ; et nous allons les attraper tous comme des sots. Il faut faire semblant de nous en aller au Nord, par la montagne. Sitôt que nous serons cachés derrière une hauteur, nous tournerons bride et nous descendrons la Skapta. Nous choisirons un bon endroit et nous nous y tiendrons cachés pendant qu’ils seront le plus lancés, s’ils courent après nous. » — « Faisons cela, dit Kari ; j’y avais déjà pensé. » — « Tu vois, dit Björn, que je ne suis pas le premier venu, aussi bien pour la sagesse que pour la bravoure. »

Kari et Björn firent donc comme ils avaient dit, et descendirent le long de la Skapta. Ils vinrent à l’endroit où la rivière se partage : un des bras va vers l’Est, l’autre vers le Sud-Est. Ils prirent le long du bras du milieu et vinrent sans s’arrêter dans le Medalland, au marais qu’on appelle Kringlumyr. Tout le sol est couvert de lave aux alentours de ce marais. Kari dit à Björn de s’occuper des chevaux, et de faire bonne garde, « car j’ai grand sommeil » ajouta-t-il. Björn prit soin des chevaux, et Kari se coucha par terre.

Il n’avait pas dormi longtemps quand Björn le réveilla. Il avait détaché les chevaux, et il les amenait tout près de Kari. « Tu es bien heureux de m’avoir, lui dit-il. Un autre, qui n’eût pas été aussi brave que moi, se serait enfui en te laissant là ; car voici tes ennemis qui arrivent, et il faut te préparer à les recevoir. »

Kari se plaça sous un rocher qui s’avançait. « Où me mettrai-je, moi ? » dit Björn. « Tu as deux choses à faire, répondit Kari. Ou bien place-toi derrière moi, et tu auras mon bouclier pour te couvrir, si cela peut t’être utile ; ou bien monte à cheval et va t’en, le plus vite que tu pourras. » — « Je ne ferai pas cela, dit Björn, pour plusieurs raisons : la première, c’est