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la saga de nial

Thorstein fils de Geirleif courut à Kari, pour le prendre de flanc. Kari brandit son épée, et, le frappant de côté au travers des épaules, le coupa en deux. Après cela il en tua encore un, Gunnar de Skal, un vaillant homme. Björn en avait blessé trois qui voulaient frapper Kari, mais il ne s’était jamais assez avancé pour courir le moindre risque. Il ne fut pas blessé, ni Kari non plus, dans cette rencontre. Mais tous ceux qui échappèrent étaient blessés.

Ils coururent à leurs chevaux, les lancèrent à bride abattue, le long de la Skapta. Si grande était leur frayeur qu’ils n’entrèrent dans aucun domaine, et n’osèrent s’arrêter nulle part pour dire la nouvelle. Kari et Björn poussèrent de grands cris en les voyant s’enfuir. « Courez bien, gens de l’incendie » disait Björn. Ils vinrent dans le pays de l’Est, passèrent à Skogahverfi, et ne s’arrêtèrent qu’arrivés à Svinafell.

Flosi n’était pas chez lui quand ils arrivèrent. Il ne fut donc pas porté plainte contre Kari. Mais chacun fut d’avis que les autres s’étaient couverts de honte.

Kari vint à Skal, et là, il se déclara l’auteur des meurtres qui avaient été commis. Il dit la mort du maître du domaine et de cinq autres, et la blessure de Grani. « Si nous le laissons vivre, ajouta-t-il, il faut le porter chez lui. » — « Je n’ai pas le cœur de le tuer, dit Björn, à cause de notre parenté ; il l’aurait pourtant bien mérité. » Ceux qui étaient là dirent que peu de gens mordraient jamais la poussière de la main de Björn. « Il ne tient qu’à moi, dit Björn, de faire mordre la poussière à tous les hommes de Sida. » Les autres dirent que ce serait dommage. Et là-dessus, Kari et Björn s’en allèrent.

CLI

Kari demanda à Björn : « Qu’allons-nous faire à présent ? Montre-moi ta sagesse. » — « Es-tu d’avis,