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la saga de nial

gne, sans prendre jamais le chemin battu. Ils descendirent à Skaptartunga, et vinrent au bord de la Skapta, passant au-dessus des domaines qui sont là. Ils menèrent leurs chevaux dans un creux, et se mirent en embuscade de manière qu’on ne pouvait les voir. « Que ferons-nous, dit Kari à Björn, s’ils arrivent sur nous, en descendant la montagne ? » — « N’avons-nous pas le choix entre deux choses ? dit Björn : Ou bien nous en aller vers le Nord, le long des rochers, et les laisser passer ; ou bien attendre pour voir si quelques-uns d’entre eux resteraient en arrière, et alors, les attaquer. » Ils parlèrent longtemps de la sorte : tantôt Björn disait qu’il fallait fuir au plus vite, tantôt qu’il fallait attendre et leur tenir tête. Et Kari s’en amusait très fort.

Il faut parler maintenant des fils de Sigfus. Ils quittèrent leurs domaines le jour qu’ils avaient dit à Björn. Ils vinrent à Mörk, et frappèrent à la porte, disant qu’ils voulaient parler à Björn. Sa femme vint à la porte et les salua. Ils demandèrent où était Björn. Elle dit qu’il était descendu dans la plaine qui est sous l’Eyjafjöll, pour s’en aller dans l’Est, à Holt : « car il a de l’argent à toucher là-bas » ajouta-t-elle. Ils le crurent, car ils savaient que Björn avait de l’argent placé là. Ils reprirent leur route vers l’Est, passant la montagne, et marchèrent sans s’arrêter jusqu’à Skaptartunga. Ils descendirent la Skapta, et firent halte à l’endroit que Kari avait prévu. Là ils se séparèrent. Ketil de Mörk prit à l’Est, vers le Medalland, et huit hommes avec lui. Les autres se couchèrent pour dormir, et ne s’aperçurent de rien qu’au moment où Kari et Björn arrivèrent sur eux.

Il y avait là un petit promontoire qui s’avançait dans la rivière. Kari s’y plaça et dit à Björn de se mettre derrière son dos, et de ne pas trop s’avancer, mais de l’aider du mieux qu’il pourrait. « Je n’aurais jamais pensé, dit Björn, qu’un autre homme dût me servir de bouclier. Mais au point où nous en sommes,