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la saga de nial

faut se fier à ces bruits là, et si on a dit vrai au sujet du voyage de Kari. Des choses m’ont souvent paru mieux prouvées, qui n’étaient pas vraies du tout. Mon avis est que vous marchiez en troupe nombreuse, que vous vous sépariez le moins possible, et que vous vous teniez sur vos gardes, du mieux que vous pourrez. Rappelle-toi, Ketil de Mörk, le songe que je t’ai conté, et que j’ai tenu secret, à ta prière ; beaucoup de ceux qui vont partir avec toi, ont été appelés alors. » Ketil répondit : « La vie des hommes suit son cours ainsi que le veut la destinée ; mais toi, grand bien te fasse pour ton avertissement. » Et ils n’en dirent pas davantage.

Les fils de Sigfus se préparèrent au départ, et aussi ceux qui devaient aller avec eux. Ils étaient dix-huit en tout. Avant de partir, ils embrassèrent Flosi. Il leur souhaita bon voyage, disant qu’il y en avait parmi eux qu’il ne reverrait jamais. Mais ils ne changèrent pas d’avis, et se mirent en route. Flosi les avait priés d’aller chercher ses marchandises dans le Medalland, pour les porter dans le pays de l’Est. Ils avaient à en prendre aussi à Landbrot et à Skogahverfi. Après cela, ils vinrent à Skaptartunga, passèrent la montagne, et, prenant au Nord du Jökul d’Eyjafjöll, descendirent dans le Godaland. De là, par les bois, ils vinrent à Thorsmörk.

Björn de Mörk vit cette troupe d’hommes qui s’approchait ; il vint à leur rencontre, et ils se souhaitèrent le bonjour. Les fils de Sigfus demandèrent des nouvelles de Kari fils de Sölmund. « J’ai rencontré Kari, dit Björn, il y a déjà longtemps. Il chevauchait vers le Nord, par le Gasasand, et il s’en allait à Mödruvöll chez Gudmund le puissant. Il m’a semblé qu’il avait grand’peur de vous, car il est tout seul à présent. » — « Il aura bien plus peur encore, dit Grani fils de Gunnar. Et il le verra bien, quand il viendra à portée de nos javelots. Il n’est plus à craindre pour nous, maintenant que tous les siens l’ont abandonné. »