Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/346

Cette page a été validée par deux contributeurs.
326
la saga de nial

geir, accepte la paix qu’on te propose ; il n’y a rien de meilleur que ce qui est bon. » — « Ce serait mal fait à moi, dit Thorgeir, de faire la paix en me séparant de toi, à moins que tu ne consentes à une paix semblable à celle que je ferai moi-même. » — « Je ne veux pas de paix, dit Kari. Je suis d’avis qu’à présent nous avons vengé l’incendie. Mais mon fils est toujours sans vengeance, et je crois que c’est à moi seul de le venger, et de voir ce que j’ai à faire. » Mais Thorgeir refusait toujours de faire la paix, jusqu’au moment où Kari lui dit qu’il ne serait plus son ami s’il ne la faisait pas.

Alors Thorgeir donna la main à Hal, comme tenant la place de Flosi et des siens, et s’engagea à faire trêve pour préparer la paix. Et Hal fit en retour la même promesse, au nom de Flosi et des fils de Sigfus. Avant de se séparer, Thorgeir donna à Hal un anneau d’or et un manteau d’écarlate ; Kari lui donna un collier d’argent, auquel pendaient trois croix d’or. Hal les remercia de leurs présents, et s’en alla comblé d’honneurs. Il vint sans s’arrêter jusqu’à Svinafell. Flosi lui fit bon accueil. Hal conta à Flosi toute son ambassade, et ce qu’ils s’étaient dit, lui et Thorgeir ; comme quoi Thorgeir n’avait voulu faire la paix, que lorsque Kari était venu l’en prier, disant qu’il ne serait pas son ami s’il ne la faisait pas ; et comment Kari, lui, avait refusé de la faire. « Kari n’a pas son pareil, dit Flosi ; et je voudrais avoir le cœur aussi bien placé que lui. »

Hal et ses hommes restèrent quelque temps chez Flosi. Au moment convenu, ils montèrent à cheval pour se rendre à l’entrevue ; elle eut lieu à Höfdabrekka, ainsi qu’il avait été décidé. Thorgeir arriva de son côté, venant de l’Ouest, et on traita de la paix. Tout se passa comme Hal avait dit. Avant de rien conclure, Thorgeir déclara que Kari demeurerait chez lui tant qu’il voudrait « et nul des deux partis ne pourra, dit-il, faire du mal à l’autre dans ma maison.