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la saga de nial

entre eux. » Ils coururent à leurs chevaux et sautèrent en selle. « Allons-nous les poursuivre ? dit Thorgeir. Nous pourrons en tuer encore quelques uns. » « Il y en a un qui s’en va le dernier et que je ne veux pas tuer, dit Kari ; c’est Ketil de Mörk ; nous avons pour femmes les deux sœurs, et puis, il s’est conduit jusqu’ici mieux que les autres dans cette affaire. » Ils montèrent à cheval, et chevauchèrent sans s’arrêter jusqu’à Holt. Thorgeir dit à ses frères de s’en aller dans l’Est, à Skoga ; ils avaient là un autre domaine, et Thorgeir ne voulait pas qu’on pût dire que ses frères avaient rompu la paix. Il eut soin d’avoir beaucoup de monde auprès de lui, et il n’y avait jamais à Holt moins de trente hommes prêts à combattre.

Il y avait grande joie chez Thorgeir. Les gens étaient d’avis qu’il avait beaucoup grandi en gloire et en renommée, et aussi Kari. Et on garda longtemps la mémoire de cette poursuite qu’ils avaient faite, comme quoi ils avaient attaqué, à eux deux, quinze hommes, tué cinq d’entre eux, et mis en fuite les dix autres.

Il faut revenir à Ketil. Ils coururent lui et les siens, si vite qu’ils purent, jusqu’à Svinafell, où ils contèrent quel fâcheux voyage ils avaient fait. « Il fallait s’y attendre, dit Flosi ; que ceci vous soit une leçon, et tâchez à l’avenir de vous mieux tenir sur vos gardes. »

Flosi était le plus joyeux des hommes, et c’était un plaisir d’être son hôte. On disait de lui qu’il avait plus que personne tout ce qui fait un grand chef.

Il passa l’été chez lui, et aussi l’hiver qui suivit. Cet hiver-là, après la fête de Jol, Hal de Sida arriva de l’Est avec Kol son fils. Flosi eut grande joie de le voir. Ils parlaient souvent ensemble de cette affaire de l’incendie. Flosi disait que lui et les siens avaient payé bien cher. Hal répondit que c’était à prévoir, dans une affaire comme la leur. Flosi lui demanda