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la saga de nial

d’une corde. Toi et les tiens, vous êtes ainsi faits qu’il vous faut toujours de nouveaux exploits. Pour moi je ne peux pas moins faire que d’aller avec toi, pour en porter la nouvelle après. Allons donc, et courons leur sus, nous deux tous seuls ; je vois bien que tu y es décidé. »

Ils prirent à l’Est, par le chemin d’en haut, sans passer par Holt ; car Thorgeir ne voulait pas qu’on pût s’en prendre à ses frères de ce qui allait arriver. Ils chevauchèrent jusqu’au Mydal. Là ils rencontrèrent un homme qui menait un cheval chargé de paniers de tourbe. « C’est dommage, dit l’homme, que tu ne sois pas en force, ami Thorgeir. » « Que veux-tu dire ? » demanda Thorgeir. « Je veux dire, reprit l’autre, qu’il y aurait ici du gibier à chasser. Les fils de Sigfus ont passé par là, et ils vont dormir tout le long du jour dans le Kerlingardal ; car ils ne vont ce soir que jusqu’à Höfdabrekka. » Et ils suivirent chacun son chemin.

Thorgeir et Kari continuèrent de s’en aller à l’Est, traversant les bruyères d’Arnastak, et ils arrivèrent sans autre incident devant la rivière du Kerlingardal. L’eau était haute ; ils remontèrent le long de la rive, car ils voyaient de loin des chevaux tout sellés. Ils s’approchèrent, et virent des hommes endormis dans un creux.

Leurs javelots étaient plantés en terre, un peu plus bas. Ils prirent les javelots et les jetèrent dans la rivière. « Allons-nous les éveiller ? » dit Thorgeir. « Tu le demandes, répondit Kari, et pourtant tu es bien résolu à ne pas attaquer des hommes qui dorment : ce serait commettre un meurtre honteux. » Et ils se mirent à pousser de grands cris. Les autres s’éveillèrent, sautèrent sur leurs pieds et s’emparèrent de leurs armes. Et Kari et Thorgeir ne les attaquèrent que quand ils les virent armés.

Thorgeir Skorargeir courut à Thorkel fils de Sigfus. En même temps un homme accourait vers lui par