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la saga de nial

pas le faire pour d’autres. » « Ce n’est pas ton affaire, répondit Skapti ; pourquoi as-tu été t’en mêler ? »

Alors Gissur entra en grande colère et dit : « Tu n’es pas comme ton père ; bien qu’il ne fallût pas toujours se fier à lui, il était du moins toujours prêt à porter secours à ceux qui avaient besoin de lui. » « Nous ne sommes pas du même avis, vous et moi, dit Skapti. Vous croyez tous deux avoir fait de grandes choses, toi Gissur en attaquant Gunnar de Hlidarenda, et toi, Asgrim, en tuant Gauk, ton frère d’adoption. » Asgrim répondit : « Peu d’hommes disent le bien quand ils savent le mal, mais chacun te dira que je n’ai tué Gauk que lorsque j’y ai été forcé. On peut t’excuser de ne pas nous venir en aide, mais non pas de nous dire des injures. Je souhaite qu’avant la fin du ting, cette affaire tourne à ta honte, et qu’il ne se trouve personne pour t’en tirer. »

Alors Gissur et les siens se levèrent tous et sortirent. Ils allèrent à la hutte de Snorri le Godi, et ils y entrèrent. Il les reconnut tout de suite, et se leva pour venir à leur rencontre. Il dit qu’ils étaient tous les bienvenus, et leur fit place pour s’asseoir près de lui. Après quoi ils demandèrent quelles nouvelles on racontait. Asgrim dit à Snorri : « Nous sommes venus te demander ton aide, moi et mon parent Gissur. » Snorri répondit : « Tu parles comme il fallait s’y attendre ; et tu as raison de porter plainte pour le meurtre de parents tels que les tiens. Nous avons reçu de Njal plus d’un bon conseil, quoique peu de gens s’en souviennent encore. Mais je ne sais pas de quelle sorte d’aide vous avez le plus besoin. » « Nous avons besoin, dit Asgrim, qu’on nous mette en état de nous battre ici même au ting. » « Il est vrai dit Snorri, qu’il y a des chances pour cela. Je prévois que vous irez de l’avant, hardiment, et qu’ils se défendront de même. Et aucun des deux partis ne pourra obtenir justice. Vous ne pourrez souffrir cela,