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la saga de nial

tentures, qu’on mît des tables, et des viandes dessus. Il fit placer des sièges le long des bancs, par toute la salle.

Flosi entra dans l’enceinte. Il ordonna à ses hommes de mettre pied à terre et d’entrer. Ils le firent. Flosi et ses gens arrivèrent dans la salle. Asgrim était assis sur le banc du milieu. Flosi regarda les bancs et les tables, et vit qu’il y avait là, tout prêt, tout ce dont on avait besoin. Asgrim dit à Flosi, sans le saluer : « Les tables sont servies : ceux qui ont faim peuvent manger. » Flosi se mit à table et tous ses hommes avec lui. Ils placèrent leurs armes contre la muraille. Ceux qui n’eurent pas de place sur les bancs s’assirent sur les sièges devant les tables. Mais quatre hommes armés se tenaient devant l’endroit où Flosi était assis, pendant qu’ils mangeaient tous. Asgrim se taisait tant que dura le repas, mais son visage était rouge comme du sang. Quand ils eurent mangé leur saoul, les femmes ôtèrent les tables ; d’autres apportèrent de l’eau pour laver les mains. Flosi prenait tout son temps, comme s’il eût été chez lui.

Il y avait, contre le banc du milieu, une hache à fendre le bois. Asgrim la prit à deux mains, et sautant sur le banc, en porta un coup à la tête de Flosi. Glum fils d’Hildir avait vu ce qu’il allait faire. Il sauta sur Asgrim, lui ôta des mains la hache et la leva sur lui à son tour ; car Glum était d’une grande force. Alors beaucoup d’autres accoururent, voulant se jeter sur Asgrim. Mais Flosi défendit que personne lui fît du mal : « Nous l’avons mis, dit-il, à trop rude épreuve. Il n’a rien fait que ce qu’il devait faire ; et il a montré qu’il avait le cœur bien placé. » Puis il dit à Asgrim : « Nous allons nous séparer sains et saufs, mais nous nous retrouverons au ting, et là, nous viderons notre querelle. » « Oui, dit Asgrim, et j’espère qu’avant que le ting n’ait pris fin, vous aurez appris à le prendre de moins haut. » Flosi ne