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faire. Il faudra que Thorgrim le grand, leur frère, vienne avec eux. Vous irez trouver Mörd fils de Valgard. Tu lui diras de ma part qu’il ait à se charger de la poursuite contre Flosi pour le meurtre d’Helgi, fils de Njal. Et s’il dit quoi que ce soit là-contre, tu feras mine d’entrer en grande colère, et de lui planter ta hache dans la tête. Tu lui parleras aussi de la colère que j’aurai s’il montre du mauvais vouloir. Tu lui diras que j’enverrai chercher ma fille Thorkatla pour la ramener chez moi. Cela, il ne pourra le souffrir, car il y tient comme à la prunelle de ses yeux. »

Kari le remercia de son conseil. Il ne lui parla pas de venir à son aide avec ses gens ; car il savait qu’en cela comme en toute chose Gissur se montrerait son ami.

Kari partit donc, faisant route vers l’est ; il passa la rivière et vint dans le Fljotshlid. Marchant toujours à l’est, il traversa le Markarfljot et vint à Seljalandsmula. Enfin ils furent à Holt, lui et les siens. Thorgeir les reçut avec de grandes marques d’amitié. Il leur conta le voyage de Flosi, et tout le secours qu’on lui avait promis dans le pays des fjords de l’est. Kari dit qu’il fallait s’attendre à le voir chercher de l’aide, après tous les meurtres dont il avait à répondre. « Plus leurs affaires vont bien, plus ils s’en repentiront » dit Thorgeir. Et Kari répéta à Thorgeir tout ce qu’avait dit Gissur.

Après cela ils quittèrent le pays de l’est, et vinrent dans la plaine de la Ranga chez Mörd fils de Valgard. Il les reçut bien. Kari lui dit le message de Gissur son beau-père. Il fit des façons, et dit que c’était une plus grosse affaire de citer Flosi en justice, que dix autres. « Il arrive donc, dit Kari, comme Gissur pensait ; il n’y a rien que de mauvais à attendre de toi : tu es poltron et sans cœur. Mais tu auras ce que tu mérites, et Thorkatla va retourner chez son père. » Thorkatla se prépara sur l’heure, disant que depuis longtemps elle était toute disposée à se séparer de